Traduction par Meïr Ben-Hayoun
J’ai jeté des pierres sur les militaires toute ma vie. J’ai aussi participé à des émeutes violentes. Je n’avais aucun horizon devant moi. Je vivais dans la pauvreté et tout ce que je voulais, c’était de faire quelques chose en souvenir des shahids, des martyres. Alors un beau matin, j’ai assassiné un militaire, un Juif, sans aucune raison ! Je lui ai découpé la gorge. Je l’ai achevé. Je l’ai senti s’effondrer son sang giclant. J’ai souri de satisfaction et j’ai joui.
Un agent de sécurité se trouvant à proximité et bien qu’il était armé, il ne s’est contenté que de m’attraper. Il m’a menotté et m’a bandé les yeux. J’ai ensuite subi un interrogatoire. J’ai répondu tout simplement. J’ai été jugé. Ma famille a été honorée. Elle a obtenu une allocation de la part de l’AP. En prison, j’ai rencontré des membres de ma famille incarcérés. On s’est délecté ensemble de repas gargantuesques. Nos familles nous ont rendu visite de temps à autres. Tous les deux jours, c’est la visite médicale. Et finalement, j’ai pu consulter un dentiste qui m’a soigné de mes problèmes de dentition que j’avais depuis des années.
On a réussi à introduire en contrebande des téléphones portables pour être en contact permanent avec les copains dans les territoires. On les a poussés à poursuivre la lutte. Certains d’entre nous ont même réussi à planifier des attentats encore plus sérieux, sous le nez des gardiens de prison. Nous avons prodigué à nos frères sur le terrain des recommandations résultant des leçons de nos erreurs passées. A chaque fois que le Gouvernement d’Israël a voulu nous serrer la vis, nous avons fait la grève de la faim et sur le champ, il a plié à nos demandes.
Ca fait déjà cinq ans que je purge ma peine de prison et j’ai pu compléter des études et obtenir un diplôme de premier cycle universitaire avec l’Open university israélienne, chose que je n’aurais jamais pu obtenir si j’étais resté libre à faire un petit boulot dans mon village. J’ai maintenant un titre universitaire pour lequel je n’ai pas payé le moindre shekel. Je me porte bien et j’ai une assurance médicale. Je mange bien et je dors dans un endroit sûr. Ma famille sait que je vais bien et que très bientôt, je vais poursuivre des études pour un second cycle. Je suis la fierté de ma famille. Un des mes cousins du côté de mon père planifie de kidnapper une militaire israélien, de le capturer vivant. Peut-être qu’il l’achèvera et en échange de son cadavre, il demandera ma libération.
Quoi qu’il arrive, je serai bientôt libéré, peut-être dans le cadre de gestes de bonne volonté de la part du Gouvernement israélien comme dans le passé. Très bientôt, je serai de retour au village et immédiatement, je recevrai un pactole de $ 50 000 ainsi qu’un salaire mensuel confortable.
Ma famille est très excitée. On me prépare déjà un accueil triomphal. Je serai de retour à la maison en pleine forme, formé idéologiquement, en fait, beaucoup plus déterminé. J’ai de l’argent. J’ai fait tout ça pour les martyres. Je suis un héros ! J’ai fait honneur à mon peuple !
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