Par Meïr Ben-Hayoun
Jeudi 21 juillet à 17H20
Si quelqu’un se balade en ce moment à Jérusalem dans tout le périmètre qui va du centre-ville jusqu’au Gan Hapa’amon (jardin de la Cloche), les rues sont fermées aussi bien aux véhicules qu’aux piétons par une armada de policiers. Les hélicoptères survolent en permanence, les vérifications de papiers sont de rigueur aux croisements des rues, et des autobus pour en bloquer les accès comme si des camions du type de celui de Nice le 14 juillet allaient forcer le passage ou se faire exploser.
Uniquement quand le Pape de Rome et le Président Obama étaient en visite officielle, on a eu droit à un état de siège semblable.
Vers 16 heures, je suis parti de Kikar Tsion au croisement des rues Jaffa et Ben-Yehouda pour me rendre à la protestation contre le défilé de la perversion devant avoir lieu aujourd’hui. J’ai dû faire un grand détour par la rue Hillel, puis par la rue King David afin de me rendre au Gan Blumenfel où ce rassemblement a été autorisé par la police. Tout le centre-ville, la rue King George, la rue Keren Hayessod, les rues adjacentes sont interdites même aux piétons. Si quelqu’un est riverain, il doit présenter carte d’identité pour prouver qu’il réside à proximité et se faire fouiller pour passer.
Arrivé sur place à l’endroit où la protestation doit avoir lieu, il n’y a personne ressemblant à des civils à part des équipes de télévision avec leurs orgies d’équipements sophistiqués et des policiers en uniforme et en civil en quantité industrielle. La tension est palpable. Ils craignent le pire. Je me présente à l’un d’eux pour demander si c’est bien là que la protestation a été circonscrite. Il me répond par l’affirmative. “Derrière ces barrières” me dit-il. Il exige que je lui présente mes papiers. Je lui tends ma carte d’identité et j’ajoute: “je dois te dire que je suis armé avec permis de port d’arme qui est joint à ma pièce d’identité. Est-ce que je suis autorisé à protester? Ce que tu me diras de faire, je le ferais”. Le policier vérifie mes papiers un bon moment et en informe par radio sa hiérarchie qui lui donne le OK. Il photographie avec son smartphone mes papiers et me dit; “Meir, c’est bon, prends tes papiers. Tu es clean. Tu peux te mettre derrière les barrières prévues pour la protestation”.
Derrière les barrières, je me retrouve seul. Je me pose la question si les protestataires comme moi ne sont pas ailleurs ou s’ils ont été empêchés d’arriver. Sur place, c’est un déploiement de forces jamais vu. Une exposition de véhicules de polices de tout type. Des flics en bleu, des gardes-frontières en vert, et des gradés hommes et femmes avec leur portables ou talkie-walkie à l’oreille qui vont et qui viennent frénétiquement. De longues minutes passent jusqu’à qu’un groupe de jeunes portant kippa, des garçons de types yéménites et orientaux se joignent à moi. Je leur demande “c’est tout ce qu’on est?”. “Non, on a un tas de copains qui doivent arriver, mais ils ont été retenus par les flics dans divers endroits de la ville” me répondent-ils.
C’est alors qu’un gradé des gardes-frontières avec trois hommes s’approchent de la barrière et nous demandent si quelqu’un est armé. Je réponds par l’affirmative et lui tends mes papiers. Je lui dis: “on m’a déjà vérifié, le flic là-bas, il m’a dit que je pouvais rester ici”. Le gradé des gardes-frontières me répond qu’on n’autorise pas que des gens armés, même disposant de permis d’armes, puissent rester, que c’est une consigne qui vient d’être diffusée seulement à l’instant de tout en haut”. Je lui dis: “pas de problème, je comprends vos contingences. Est-ce que je peux te laisser mon flingue ou le déposer dans l’un de vos camions et je viendrai la récupérer après?”. Négatif, tu peux le déposer seulement à la station de police au migrash haroussim (le terrain russe en français).
Le migrash haroussim ne se trouvant pas à côté, j’ai donc été tenu de renoncer au rassemblement de protestation contre le défilé de la perversion. Je suis parti en remontant la rue King David vers le centre-ville. En chemin, j’ai croisé des jeunes en chemisettes bleues foncées au cordon rouge caractéristiques du mouvement de jeunesse de la gauche pionnière, Hashomer Hatsaïr, probablement venus d’en dehors de Jérusalem pour défiler aux côtés des homosexuels en identification avec le drame de la jeune Shira Banki assassinée lors de ce défilé l’an dernier. Toutefois, ces jeunes du Hashomer ne portaient pas les couleurs arc-en-ciel caractéristiques.
Le plus surprenant, c’est que j’aperçois alors sur le trottoir d’en face des tonnes de personnes faisant leur chemin en sens inverse avec des drapeaux arc-en-ciel brodés de fils dorés et des drapeaux américains. Ces personnes très nombreuses venues parader pour le défilé avec des insignes et des calicots d’organisations américaines de perversion sont des touristes américains, non pas des Israéliens d’origine américaine comme on en a l’habitude d’en rencontrer à Jérusalem.
Et sur ce chemin du retour, les personnes portant des signes distinctifs de Juifs observant ou en habits de hassidim ou d’ultra-orthodoxes sont arrêtés et leur identité vérifiée avec le central.
Alors que ce phénomène de perversion sexuelle est très marginal à Jérusalem, voici comment au profit de cette idéologie viciée d’exhibition de la perdition de l’image de l’Homme, la rue et l’espace public sont confisqués aux habitants de Jérusalem pourtant majoritairement observant. Une invasion par des groupes de perverts venus de l’étranger et considérant qu’il est normal de l’imposer ostentatoirement au peuple de Sion. Il y a deux mille ans, c’étaient les Légions romaines qui imposaient leur paganisme à Jérusalem au bout de leurs lances. Avant eux, les Grecs qui furent par la suite écrasés par les Maccabées, ce que nous célébrons par la fête de Hanouccah.
Monsieur Nir Barkat, le Maire de Jérusalem, pourtant un libéral, un homme du “grand monde” ne s’y est pas trompé. Il a toujours refusé de participer au défilé de la perversion, et même cette fois-ci en dépit du drame de l’an dernier servant d’alibi pour mettre en avant la “tolérance” et qui, en quelque sorte, lui forçait la main. Pourquoi donc le Maire de Jérusalem a quand même refusé d’y participer même cette fois-ci? Nir Barkat en bon comptable politique ne voudrait surtout pas courroucer les électeurs qui ne voient pas d’un bon œil cette parade dégradante.
Comment une population chaleureuse, généreuse, tranquille et tolérante se voit violer dans son espace public et interdire même d’y avoir accès pour ce qu’elle considère comme une corruption, une déchéance de la dignité humaine, et non une évolution ou une identité particulière normative – dans les termes de la parole du Dieu d’Israël révélée aux Enfants d’Israël: une abomination, une horreur. [i]
En telle circonstance où la volonté et la foi constitutives de l’identité de la population de Jérusalem comptent si peu dans l’équation de l’impérium de la dite “démocratie” privilégiant l’expression des pires horreurs, quand ce peuple hébreu dans toutes ses composantes se fait ainsi littéralement piétiner, est-il surprenant qu’il soit en proie depuis tant d’années à des actes de terrorisme bestial comme nulle part ailleurs dans le monde en fréquence et en qualité sans que rien ne soit réellement fait par les dirigeants pour changer la donne? Le petit peuple de Jérusalem serait “rétrograde”, “arriéré”, “trop juif”, par conséquent quantité négligeable pour les commissaires de la “démocratie”.
[i] Lévitique, chapitre 18, à partir du verset 22: ” Ne cohabite point avec un mâle, d’une cohabitation sexuelle: c’est une abomination. 23 Ne t’accouple avec aucun animal, tu te souillerais par là; et qu’une femme ne s’offre point à l’accouplement d’un animal, c’est un désordre. 24 Ne vous souillez point par toutes ces choses! Car ils se sont souillés par elles, les peuples que je chasse à cause de vous, 25 et le pays est devenu Impur, et je lui ai demandé compte de son iniquité, et le pays a vomi ses habitants. 26 Pour vous, respectez mes lois et mes statuts, et ne commettez aucune de ces horreurs. Vous indigènes, ni l’étranger qui séjournerait parmi vous. 27 Car toutes ces horreurs, ils les ont commises, les gens du pays qui vous ont précédés, et le pays est devenu Impur. 28 Craignez que cette terre ne vous vomisse si vous la souillez, comme elle a vomi le peuple qui l’habitait avant vous.”
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