Jonathan ARFI, vous avez raté une occasion rêvée d’assumer avec honneur juif votre statut de Président du CRIF.
En effet hier soir dimanche 19 mars à Paris, a eu lieu une soirée en l’honneur du défunt Jacques Kupfer, zal, le dirigeant du Bétar, grande figure du sionisme de France, accessoirement ancien membre du bureau du CRIF.
Cinquante-quatre organisations antisémites de soutien à l’ennemi dit “palestinien” avaient menacé et exigé d’annuler cet évènement. Sans la détermination sioniste des organisateurs et de notre amie Nili Naouri, la fille du regretté Jacques Kupfer, cet évènement n’aurait pas eu lieu.
La préfecture de police de Paris était sur le qui-vive. 500 chaleureux Juifs prévenus au dernier moment et malgré les menaces ont fait le déplacement pour s’y rendre. Sans pour autant vous identifier à l’idéologie sioniste du Bétar, un message fort de votre part aurait consisté à signifier par votre présence que des réunions juives de solidarité en France avec l’Etat juif, quelle qu’en soit l’obédience, ne sauraient être menacées ni annulées. Des Juifs de tout bord, y compris au sein de l’Alyah de France, auraient loué ce geste réunificateur.
L’invité de marque de cet évènement étant l’un des principaux membres du Gouvernement d’Israël, le Ministre des Finances, vous auriez ainsi concrétisé le “soutien inconditionnel à Israël” que vous avez récemment proclamé lors d’une interview sur radio RCJ.
Quel vibrant hommage vous auriez rendu à la démocratie israélienne, qui à vos dires vous est si chère, même si à titre personnel, vous auriez préféré d’autres figures politiques aux commandes en Israël. N’avez-vous pas affirmé dans l’interview susmentionnée, je cite : “nous n’avons pas le droit à la division“.
Or cher Jonathan, vous ainsi que beaucoup qui avez accès aux médias, vous ne faites pas secret que la nature du Gouvernement israélien vous fait problème. A contrario des autres, votre ton est pondéré. Or lorsque vous déclarez que vous êtes légitime à vous ingérer dans le débat qui touche aux fondements de la démocratie israélienne, il n’y a point place au doute. Vous signifiez clairement qu’Israël est sur le point de ne plus être une démocratie. Ajouté à cela votre refus de rencontrer le Ministre des Finances Betsalel Smotrich, vos propos dans votre tribune “Regard juif de France sur la crise en Israël” s’inscrivent dans une série de déclarations de personnalités juives qui ne font que miner la légitimité d’Israël. A charge pour moi de le démontrer.
Dans une interview très intéressante accordée à Actualités juives paru le 5 janvier 2023, Finkielkraut appelle à un dialogue juif avec Marine Le Pen. Quelques lignes après, dérogeant à ses pertinentes analyses, il morigène le Gouvernement d’Israël à peine formé par des propos intempestifs, je cite : “il me serait plus facile d’envisager une Alyah dans l’Israël de Rabin que dans l’Israël d’Itamar Ben Gvir”.
Les militants sionistes que nous sommes aurions salué Finkielkraut s’il avait non seulement envisagé l’Alyah, mais l’avait réalisée dans l’Israël de Rabin. A signaler toutefois que dans l’Israël de Rabin, la probabilité de se faire déchiqueter par un attentat terroriste était infiniment plus élevée que dans l’Israël de Netanyahou où notre ami Itamar Ben Gvir est ministre de la sécurité interne. Lorsque dimanche 26 septembre 2010 à l’hôtel Meurice à Paris, Finkielkraut a rencontré le docteur ès négation de la Shoah, Mahmoud Abbas, il était beaucoup mieux disposé. Comme on dit familièrement, ça la fout plutôt mal pour ce fils de rescapés de la Shoah. Le président de l’AP finançant le terrorisme avait trouvé grâce aux yeux de Finkielkraut infiniment plus que Ben Gvir. “Etonnamment sincère” et “tendre” furent les qualificatifs employés par Fink pour décrire Abbas.
Que différencie aujourd’hui Frédéric Encel de l’antisioniste Pascal Boniface ? Le site du CRIF publiant en janvier dernier une interview de F. Encel qualifiant Israël de voyoucratie. Pourquoi ne pas permettre dorénavant à Pascal Boniface d’y être publié ? Quoi ? Parce que Pascal Boniface n’est pas juif ? Ou alors parce qu’Encel et Boniface se sont engueulés? Lire la réponse de mon ami Pierre Lurçat à F. Encel.
Qu’est-ce qui vous a fait réagir dans leur sillage Jonathan ? Hawara ? Parlons-en.
A ce propos, un certain Nathan Naccache se faisant appeler Devers, une des dernières pouliches de l’écurie BHL. Dans une crise aigüe de m’as-tu-vu pleurnichard, ce dernier n’a pas trouvé mieux que le quotidien le Monde pour diffamer ces jeunes Juifs de Samarie titrant “l’Etat nation du peuple juif valse au bord du gouffre“. Quel sens de la mesure ! Essayons de comprendre les élucubrations de ce malheureux. Comment est-il possible que des Juifs réagissent quand on les assassine ?! C’est impensable ! Si ce Nathan Devers avait continué à se faire nommer par le patronyme juif séfarade constantinois de ses pères, Naccache, il n’aurait pas été en déficit de dignité juive.
Jonathan Arfi, de votre côté, ce n’est pas très différent. Le deuil d’un père juif et d’une mère juive, les Yaniv, de la localité de Har Berakha, perdant le 26 février dernier deux fils assassinés à Hawara, Hillel 21 ans, et Yaguel 19 ans. Ce n’est pas cette tragédie qui vous a indigné. Ce sont les propos faisant suite à ce malheur pononcés par le ministre Betsalel Smotrich et insidieusement exploités pour l’épingler et laisser entendre que la démocratie israélienne serait sur la sellette.
Une cinquantaine de Juifs saccageant du matériel à Hawara, mettant le feu à des véhicules, ceci en réaction à des attaques terroristes quotidiennes dans ce secteur et alors que le sang des victimes juives du dernier attentat est encore chaud. Bien évidemment que leur action est hors-la-loi, mais est-ce cela qui met en danger l’Etat de Droit et la démocratie? Il faut considérer la démocratie israélienne comme bien fragile pour l’affirmer. Ces jeunes, ont-ils pris les armes, ont-ils assassiné en représailles pour rendre la monnaie de la pièce? Evidemment que la Loi ne le permet pas ce qu’ils ont fait et qu’elle les a sanctionnés.
Etonnamment, malgré les centaines d’attaques terroristes depuis des dizaines d’années, les milliers de victimes, ils se limitent à des réactions certes rageuses, mais bien inhibées vu les circonstances, justement parce que dans le fond, ils respectent l’Etat et la Loi, même si ça dérape parfois !!!! J’aimerais bien vous voir à leur place ! C’est d’ailleurs envisageable, lors d’une prochaine visite en Israel, je vous suggère de passer par Hawara sur la nationale 60.
Et selon vous et d’autres, la démocratie serait en danger par les propos d’exaspération tenus par Betsalel Smotrich ? Propos sur lesquels ce dernier est revenu et s’est excusé, à tort selon moi.
Et vous voilà maintenant monté sur votre grand cheval de Don Quichotte pour sauver la démocratie israélienne avec à votre suite, Sancho Pancha en la personne de Marc Knobel. Ce dernier froissé d’avoir été qualifié de “Juif de service” par notre amie Nili Naouri Kupfer. A la place de Nili, j’aurais employé l’expression : “Juif hors service”.
Hier où il vous aurait été judicieux de rencontrer le Ministre Betsalel Smotrich, qui lui quotidiennement traverse la localité de Hawara, un autre attentat venait frapper une famille juive à cet endroit. David Stern, accompagné de son épouse, des Olim des Etats-Unis. Pas moins de 20 balles tirées par un terroriste nazislamiste ont impacté leur véhicule, blessant gravement David à la tête. Par miracle, une balle a frôlé son épouse la blessant légèrement. Dans un acte d’héroïsme inouï, David tout en sang a réussi à sortir son arme et à blesser son assaillant qui s’est enfui.
Grâce à Dieu, David Stern aujourd’hui n’est plus en danger, mais probablement que les séquelles de ses blessures, il les gardera à vie. Leurs quatre enfants en bas âge auraient pu en sortir orphelins de père et de mère. Baroukh Hashem cette tragédie a été évitée.
Cette nième attaque sur des Juifs à Hawara, voire toute la série d’attaques de ces dernières années, vous ont-elles inspiré une rubrique sur le site du CRIF ? Le sang juif coulant en Judée Samarie ou à Jérusalem, c’est dans la nature des choses, n’est-ce pas ? On le déplore tartuffement au passage dans un article dénonçant le nouveau Gouvernement israélien pour ses initiatives de réformes “compromettant la démocratie” et sans expliquer en quoi. Mais des jeunes Juifs qui réagissent certes illégalement et dans la précipitation, c’est l’équilibre des planètes qui serait compromis ? C’est avec cette hystérie que vous voulez établir des critères d’évaluation de la démocratie israélienne et de l’Etat de droit ?
Savez vous que Hawara est un foyer de terrorisme, un nid de vipères où des centaines de voitures juives passent tous les jours et sont régulièrement ciblées ? Où il y a eu des dizaines de cas de militaires en patrouille qui ont été poignardés ou blessés par balles ? Où il y a eu des tentatives de lynchage de familles juives coincées dans les embouteillages fréquents ? Par miracle, elles s’en sont sorties. Savez-vous qu’à Hawara il y un rond-point qu’on appelle כיכר הפיגועים , en français le “rond-point des attentats”. Depuis le mois de septembre dernier, les jets de pierres et les tirs sur les voitures juives y sont fréquents. En mai 2022, l’actuelle ministre Orit Strouk, alors députée du parti Hatsionout Hadatit passait par Hawara avec ses enfants et petits-enfants blessés sérieusement par des blocs qui leur ont été projetés dessus.
Les miracles où la plupart de ces attaques meurtrières ne se sont pas soldées par mort d’homme ou de femme sont innombrables. La birkat hagomel, la bénédiction prononcée après avoir réchappé à un danger, est connue par cœur par les Juifs de ce secteur.
Vous allez me rétorquer pavloviquement que les habitants de Hawara n’ont rien à voir avec cela, que la plupart sont pacifiques. Voyons voir.
Après chaque attentat terroriste faisant des victimes, à Hawara, c’est le carnaval, on y exulte, comme au 14 juillet avec des tirs de feux d’artifices. Tous les habitants y font la fête ostentatoirement au son de musique rythmée le volume à fond sur des paroles djihadistes assassines ponctuées régulièrement par des “allah houa kbar“. Dans la rue, on distribue des friandises et des gâteaux au miel pour fêter l’assassinat de Juifs.
Sur la page Facebook de Hawara, les habitants y célèbrent les attentats en temps réel. Dans les écoles, on apprend dès le plus jeune âge la haine du Juif et il s’avère qu’il n’y a aucun mauvais élève dans cette matière.
Vous pensez que des attentats nazislamistes apparaissent comme des champignons après la pluie s’il n’y a pas de terreau propice à cela, un culte entretenu de massacre de Juifs ? En novembre dernier, les établissements scolaires de Hawara ont célébré l’anniversaire du décès de l’archi-terroriste Arafat. Des conseillers et des hauts fonctionnaires du département de l’éducation de l’AP étaient présents où des posters du fondateur du Hamas, le Sheikh Ahmed Yassine éliminé par Tsahal en 2004, étaient brandis par des élèves ainsi que des dizaines de portraits d’assassins érigés en héros nationaux.
Jonathan, c’est pour Hawara, cette metastase du terrorisme, que vous, que le grotesque Nathan Naccache dit Devers, et que d’autres signataires de la pétition sur le Monde, des paumés qui écrivent “Huwara” à la place de “Hawara” et qui ne savent même pas où ça se situe sur la carte, et vous nous poussez tous vos cris d’orfraie contre la déclaration “il faut raser Hawara” proférée dans un accès de colère par Betsalel Smotrich, propos objectivement plus que compréhensibles vu les circonstances, même si on ne les approuve pas !
Pourtant, non seulement appeler à raser des localités sur la terre d’Israël, mais réduire complètement en ruines des demeures de plusieurs milliers de personnes, cela ne pose aucun problème, ni à vous, ni à ceux se targuant de la démocratie.
Oui Jonathan, vous ainsi que d’autres, quand il s’est agi des Juifs du Goush Katif, des pionniers sionistes qui ne s’adonnaient pas au terrorisme. Bien au contraire, des bons Juifs qui se trouvaient en première ligne face au terrorisme et ont payé le prix du sang versé, qui n’assassinaient pas, qui s’évertuaient à construire, à éduquer, à étudier la Torah, à en baver dans l’agriculture, les expulser et détruire leurs localités pour qu’à la place, soient déployées des batteries de missiles djihadistes qui pilonnent aujourd’hui les localités du Nord-Ouest du Néguev, cela ne vous a pas inspiré le moindre mot de réserve pour interpeller la démocratie israélienne. Au contraire, vous avez approuvé et applaudi à cela.
On peut donc raser des localités juives en Eretz Israël au profit de l’ennemi arabe du Hamas et du Jihad islamique, mais au grand jamais une localité peuplée de partisans du Hamas et du Jihad comme Hawara distillant le venin du terrorisme nazislamiste.
C’est donc sur cette asymétrie que vous voulez voir établir des principes de Droit et intervenir dans le débat sur la démocratie en Israël ??!!!
Jonathan Arfi, que ce soit clair, on ne vous suggère pas d’adopter nos prises de position dans le débat politique israélien. Vous n’êtes pas citoyens d’Israel pour cela, mais ayez la correction de faires l’effort d’être cohérent et représentatif de l’éventail des opinions juives face à ces questions clivantes.
Avec amour d’Israël
Meir Ben Hayoun, représentant francophone du parti Otzma yehoudit
P.S. Au moment où ses lignes sont rédigées, on apprend que le jeune Or Eshkar, cet adepte du triathlon gravement blessé lors de l’attentat à Tel Aviv du 9 mars dernier, vient de succomber à ses blessures. Hawara rencontre Tel Aviv.
Merci Meir de ce texte très éclairant.