Source : SrugimTraduction : Meïr Ben-Hayoun

La plupart des habitants des localités du pourtour de la Bande de Gaza ont quitté leurs foyers lors de l’Opération Rocher inébranlable. Le Kibboutz Nahal Oz est l’une d’entre elles. En 2005, les habitants de Nahal Oz étaient on ne peut plus satisfait par l’expulsion des habitants israéliens du Goush Katif. L’un d’eux s’exprimait ainsi : « nous voulons tellement voir les habitants du Goush Katif expulsés que nous sommes prêts à en payer le prix ». Il ne croyait pas si bien dire.

"Prêts à payer pour vour Goush Katif évacué". Des véhicules brulés à Nahal Oz (Flash90)

“Prêts à des sacrifices pour voir le Goush Katif évacué”. Des véhicules brulés à Nahal Oz (Flash90)

Comme nous le rappelle le site israélien Srugim, ce proverbe du Roi Salomon ne saurait mieux s’appliquer pour une partie non négligeable des habitants des localités du pourtour de Gaza (Ecclésiaste I, 6) « Celui qui creuse une fosse y tombe […….] »

Il y a 9 ans de cela, Meïr Dana-Picard était résident de Kfar Darom dans le Goush Katif. Sur sa page Facebook, Dana-Picard a joint le lien d’un article du Quotidien Haaretz où le journaliste Daniel Bensimon[1] y interviewait des résidents du kibbutz Nahal Oz un mois avant le « désengagement ».

En sous-titre de cet article : « En dépit des conséquences, 99,9% des habitants de Nahal Oz n’ont jamais été aussi optimistes.”  Bensimon y dépeint les sensations des membres de ce kibboutz situé à moins d’un kilomètre des faubourgs de la ville de Gaza et de Sadja’ïyeh.

« Tous les mariages prévus pour le mois du ‘Désengagement’ ont été remis en raison de la situation tendue. Toutes les activités ont été annulées. Et pourtant, les membres du kibboutz sont prêts à faire des sacrifices pour que le ‘Désengagement’ réussisse et l’appellent de tous leurs vœux. Et quel qu’en soit le prix, ils sont prêts à le payer » écrivait Bensimon.

Aujourd’hui comme il y a 9 ans, les membres Nahal Oz faisaient porter la responsabilité  de la crise du logement et de la situation économique dans leur kibboutz aux habitants des implantations. Par exemple, Yzhar un membre de ce kibboutz répondait à Daniel Bensimon : « le ‘désengagement’ sera pour nous un tournant qui engendrera des merveilles pour nos entreprises et une opportunité sans précédent pour notre économie. On voudrait que les résidents des implantations sortent de là-bas (ndlr : Goush Katif) à un tel point qu’on est prêt à payer n’importe quel prix » et sans dissimuler sa colère, Yzhar concluait : « c’est à cause de Netzarim que nous sommes en difficulté »

A cette époque effectivement, le Kibboutz Nahal Oz était en difficulté et avait été abandonné par la moitié de ses membres. « Sans le ‘désengagement’, la situation est peut-être sans espoir pour nous. C’est la raison pour laquelle 99,9% de nos membres le soutiennent, pas seulement comme phase politique, mais comme un tournant pour le kibboutz. Il y a une relation de cause à effet entre la situation sécuritaire et l’état du kibboutz ». Et la citation la plus ironique dans cette interview est qu’à Nahal Oz, ce qu’on supporte le moins, c’est la pleurnichads.

Daniel Targerman Hy'd, 4 ans, tué par un obus le 22 aout 2014 à Nahal Oz

Daniel Targerman Hy’d, 4 ans, tué par un obus le 22 aout 2014 à Nahal Oz

Neuf ans après, les résidents de Netzarim et du Goush Katif n’interfèrent plus dans la vie des membres du kibboutz Nahal Oz. Tsahal y a intercepté plusieurs tentatives de pénétrations de terroristes du Hamas par les tunnels de la mort. Quatre militaires israéliens y ont trouvé la mort. Et 99,9% des habitants de Nahal Oz n’ont toujours pas demandé pardon et n’ont pas  reconnu s’être trompés de façon colossale pendant l’été fatidique de l’année 2005.

Les parents de Daniel Tragerman

Les parents de Daniel Tragerman

Vendredi 22 aout, un enfant de 4 ans, Daniel Tragerman, a été tué par un obus de mortier tiré par des terroristes arabes depuis la Bande de Gaza. Sa famille très éprouvée a annoncé après l’enterrement qu’elle quittait le kibboutz.


[1] Daniel Bensimon, éditorialiste dans le quotidien Haaretz. Natif de Meknès en 1954, Bensimon est francophone. Il a été député de la Knesset de 2009 à 2013 pour le parti travailliste, de l’aile nettement à gauche de ce parti, militant farouche pour la création d’un Etat d’invasion arabe dit « palestinien » dans des parties de la Terre d’Israël.