Par Nadav Shragaï[i], traduit de l’hébreu par Meïr Ben-Hayoun

Source : Jerusalem Center for public affairs

Jérusalem est la ville la plus étendue en comparaison aux autres grandes villes d’Israël. Son domaine municipal pour l’année 2013 s’étendait sur 125 km2. En comparaison : Beer-Sheva 117 km2, Haïfa 65 km2, Richon Letsion 59 km2, Tel Aviv 52 km2 et Ma’aleh Adoumim 47 km2.

Jérusalem est la plus grande ville d’Israël également en population. A la fin de l’année 2017, elle comptait 901 300 habitants constituant dix pour cent de la population totale d’Israël. A Jérusalem vit la plus nombreuse population juive du pays : 559 800 Juifs. La population arabe aussi est la plus importante de toutes les villes du pays : 341 500.

La population juive de Jérusalem est passée de 74% en 1967 après la Guerre des Six Jours à 72% en 1990, 68% en l’an 2000 et pour atteindre 62% en 2017. Parallèlement, la proportion de la population arabe était de 26% en 1967 après la Guerre des Six Jours, 28% en 1990, 32% en l’an 2000 et 38% en 2017.

Ces données et beaucoup d’autres ont été publiées la veille de la célébration de la Journée de Jérusalem dans la publication annuelle des statistiques sur Jérusalem éditée chaque année par l’Institut de Jérusalem de recherches en science politique et par le docteur Maya Hoshen et Mikhal Korah.

Selon les chiffres de la nouvelle publication annuelle, les Juifs constituent une majorité de 62% à Jérusalem. Or leur proportion ne fait que baisser. Si on prend en ligne de compte les données mises à jour du nombre de résidents arabes à Jérusalem intra-muros. Au demeurant, de l’autre côté du mur de sécurité, la majorité juive est inférieure à ce qui a été publié.

Selon les chiffres les plus récents de la compagnie municipale des eaux (Hagihon) et du ministère pour les affaires de Jérusalem, dans l’espace de Kafr Akeb et du camp de réfugiés Shouafat, vivent aujourd’hui entre 120 et 140 000 résidants arabes. Par contre, la nouvelle publication annuelle des statistiques sur Jérusalem fondée sur les données du Bureau national des statistiques (ndlr : équivalent de l’INSEE français) s’en tenant aux données officielles selon lesquelles la population arabe dans cet espace serait de 50% inférieure. Cela signifie que de facto dans le domaine municipal de Jérusalem on doit ajouter 60 000 habitants à la population arabe, soit au total 402 000 résidants arabes constituant 41,7% de la population totale de la capitale d’Israël.

Comme précisé, Jérusalem est la ville qui détient la plus nombreuse population d’Israël et en 2017 elle comptait 901 000 habitants, le double de la population de Tel Aviv qui est la seconde ville d’Israël (443 900 habitants). Haïfa la troisième ville d’Israël comptant 281 000 habitants. Rishon-Letsion la quatrième ville avec une population de 250 000 habitants, et Petah-Tikva de 240 000 habitants.

Au cours des dernières années, la proportion de la population juive de Jérusalem baisse parallèlement à une augmentation de la population arabe. La population juive de Jérusalem est passée de 74% en 1967 après la Guerre des Six Jours à 72% en 1990, 68% en l’an 2000 et pour atteindre 62% en 2017. Parallèlement, la proportion de la population arabe était de 26% en 1967 après la Guerre des Six Jours, 28% en 1990, 32% en l’an 2000 et 38% en 2017.

A Jérusalem vit la plus importante population ultraorthodoxe d’Israël. Selon une évaluation fondée sur un sondage sur la main d’œuvre par le Bureau national des statistiques, le nombre des ultraorthodoxes est de 227 700 qui constituent 25% de la population ultraorthodoxe d’Israël. A titre de comparaison, à Bnei Brak la ville ultraorthodoxe la plus peuplée, le décompte de ses habitants est de 193 800. Jérusalem est aussi la ville à la plus importante population arabe d’Israël et en 2017, le décompte des résidents arabes étant de 341 500. La population arabe de Jérusalem est beaucoup plus nombreuse que dans les grandes autres villes arabes d’Israel : Nazareth (76 400), Rahat (66 800), Oum El Fahm (54 200), Tayebeh (42 300) et Shfar’am (40 900). De même la proportion de la population arabe à Jérusalem (38%) est plus élevée de façon substantielle que la proportion de cette population dans tout Israel (21%) ou que dans les autres villes mixtes : Haïfa (11%), Acre (32%), Lod (30%) et Ramleh (23%).

Jérusalem est également la ville la plus diversifiée en Israël. L’une des caractéristiques pour distinguer les divers groupes de population est l’aspect d’observance de la religion juive. Selon une étude sociale effectuée par le Bureau central de statistiques des plus de 20 ans, il ressort qu’entre 2015 et 2017, 22% des Juifs à Jérusalem se définissaient laïcs, 25% traditionnels (traditionnel pratiquant et traditionnel pas trop pratiquant) 19% se définissaient religieux et 35% ultraorthodoxes.

Lors des deux dernières décennies, la proportion de la population orthodoxe dans la ville n’a pratiquement pas augmenté, ceci en raison du départ d’ultraorthodoxes en dehors de Jérusalem. Un tiers de l’émigration de Jérusalem est ultraorthodoxe : le taux des personnes quittant Jérusalem est le même chez les ultraorthodoxes que chez les laïcs et les pratiquants. La raison principale pour émigration en dehors de la capitale est l’absence de perspective de logement à tarif abordable. C’est la raison de ces départs alors que les prévisions prévoyaient que la proportion des ultraorthodoxes augmenterait au cours de ces vingt dernières années.

En dépit de cela, la démographie de Jérusalem se répercute sur la carte politique locale, et cela s’est concrétisé lors des dernières élections municipales et législatives.

Lors des dernières élections législatives pour la Knesset, les partis religieux et ultraorthodoxes ont remporté 51% des suffrages à Jérusalem. Pour les dernières élections municipales ces partis ont remporté 54% des suffrages. L’avenir s’annonce encore plus religieux-ultraorthodoxe, à condition que les résidents arabes continuent à s’abstenir de participer au jeun politique et à boycotter les élections municipales de Jérusalem.

Ce qui laisse entrevoir cela, ce sont les données du système scolaire à Jérusalem : le système scolaire juif décompte 173 700 élèves : 62% dans le système scolaire ultraorthodoxe (107 900 élèves) et 38% dans le système scolaire public laïc et dans le système scolaire public religieux (65 800 élèves).

Cette singularité démographique de Jérusalem se vérifie quand on compare les taux d’identification religieuse aux autres grandes villes d’Israël. Comme susmentionné, le taux des laïcs est de 22% à Jérusalem et il est inférieur à celui du pays (44% de laïcs en Israël), à Tel Aviv 68% de laïcs et à Haïfa 56%. Le taux des ultraorthodoxes est donc de 35% à Jérusalem et il est le plus élevé des grandes villes d’Israël. A Tel Aviv 2%, à Haïfa 4% et dans tout Israël, 10%.

Fin 2017, 61% des résidents de Jérusalem vivaient dans la partie Est de la ville, celle qui a été libérée en 1967 lors de la Guerre des Six Jours, et 39% dans la partie Ouest de la ville. Dans la partie Est de Jérusalem vivent des Juifs (38%) et des Arabes (62%) alors que dans la partie Ouest 99% sont juifs.

Les quartiers juifs dans la partie Est de la ville grandissent, mais extrêmement lentement. Ramot Alon est le plus grand quartier juif dans la partie Est de la ville (47 100 habitants) dont la population n’a augmenté l’an passé  seulement que de 1000 résidents (2%). Pisgat Zeev, le second quartier juif en importance dans la partie Est (42 300 habitants), dont la population stagne depuis 2006. Tout au long de ces 13 dernières années, sa population ne s’est accrue que d’un seul pour cent ! Guilo avec ses 30 900 habitants, Ramat Shlomo avec 14 700 habitants et Talpiyot Mizrah avec 14 700 habitants : ces quatre quartiers juifs dans la partie Est de la ville n’ont pas vu leur population augmenter l’année dernière.

La stagnation de la population juive dans la partie Est de Jérusalem cette dernière année et d’une façon générale ces dernières années a été le résultat d’un ralentissement, voire d’un gel de la construction dans ces quartiers érigés dans la capitale après 1967. Ce gel de la construction a été la conséquence des pressions de l’administration Obama lors des huit années de présidence de ce dernier. Ce gel se poursuit, certes dans une moindre mesure depuis les deux ans que Donald Trump est le président des Etats-Unis. De ce point de vue-là, il n’y a pas eu grand changement dans la politique de peuplement du Gouvernement Netanyahou dans la partie Est de Jérusalem. Les projets de constructions prévues dans le quartier de Giv’at Hamatos et dans le secteur E1 (la zone se trouvant entre Jérusalem et Ma’aleh Adoumim) sont toujours bloqués pour des raisons politiques.

De même, le bilan de la migration à Jérusalem est toujours négatif comme les années précédentes. Le nombre de personnes ayant quitté Jérusalem était de 17 100 résidents pour 11 500 de personnes s’installant dans la ville. Par conséquent, cela constitue un déficit de 6000 habitants. Malgré cela, la population juive de Jérusalem a augmenté grâce aux 15 800 nouveaux nés y ayant vu le jour et 3000 arrivées de personnes y ayant réalisé leur Alyah.

L’année passée, s’est poursuivie la tendance à la croissance du taux de fertilité des femmes juives dans la capitale par rapport aux femmes arabes. Le taux de fertilité est le nombre d’enfants qu’une femme est susceptible d’enfanter durant sa vie. Pour les femmes juives à Jérusalem, ce taux est de 4,4 enfants en moyenne. Pour les femmes arabes, il est de 3,3 enfants. Il y a deux décennies de cela, c’était le contraire et il y a 30 ans, ce fossé étaient encore plus en faveur de la femme arabe. Ce retournement de tendance est expliqué par le nombre de naissances élevé au sein de la population ultraorthodoxe et de la population sioniste religieuse, et à contrario, les processus de modernisation dans la société arabe.

D’autres chiffres publiés par l’Institut d’études politiques de Jérusalem

Emploi : en 2016, le taux de 68% des personnes au travail entre les âges de 25 à 68 ans était le bas en Israël (81%) ; à Tel Aviv 89% et à Haïfa 86%.

Enseignement supérieur : lors de l’année universitaire 2017-18, étaient inscrits dans les établissements d’enseignement supérieure de Jérusalem 36 400 étudiants constituant 14% de la population estudiantine d’Israël. 19 600 parmi ces étudiants (54% de la population estudiantine de Jérusalem) poursuivaient leurs études à l’Université hébraïque et 11 800 étudiants dans sept établissements ainsi que 5000 étudiants dans quatre écoles normales de formations d’enseignants.

 

[i] Nadav Shragaï est expert  sur Jérusalem, écrivain, journaliste et chercheur au Jérusalem Center for public affairs.