Par Meïr Ben-Hayoun
Depuis des mois en Israël (plus de deux ans) se déroule un drame politico-juridico-policier de film de fiction avec tous les ingrédients : suspens, rebondissements multiples et à un rythme effréné. Un scénario comme on ne pourrait l’imaginer, ni même dans la réalité politique houleuse de pays comme l’Italie.
Les hauts gradés de la police avec toute une constellation de gens des médias et des élites complotent un véritable coup d’Etat depuis des mois en cherchant de façon obsessive à faire inculper le Premier ministre pour le déboulonner. Ce dernier aurait commis le crime de recevoir en cadeau des cigares et des bouteilles de champagne, une parmi les allégations nombreuses que seules des personnes très averties peuvent suivre.
Interviewé par la journaliste Ilana Dayan au programme ‘Ouvda’ de la chaine de télévision Aroutz2, le Super Intendant de la police d’Israël, Rony Alcheikh, s’est trahi. Il est tellement remonté contre le Premier ministre et cherche à le faire sauter qu’il a fait des révélations sur l’enquête qu’il n’était pas censé dévoiler. Jamais dans un pays occidental, un patron de la police en exercice ne s’est laissé aller à dévoiler les choses les plus intimes de ses services et de ses passions.
Dans un pays comme la France par exemple, dans l’espace public, on ne connait même pas l’identité du patron de la police nationale. Et ce serait de l’ordre de la science-fiction de le voir s’exprimer dans la presse sur des enquêtes en cours contre le Président de la République ou contre le Premier ministre.
De façon plus que flagrante, il est apparu aux téléspectateurs que Rony Alsheikh en a fait une affaire personnelle. Le Premier ministre l’avait sollicité à prendre la tête de la police d’Israël et l’avait assuré que par la suite, il le nommerait à la tête du Service de sécurité générale (Shabak) où Alsheikh avait fait toute sa carrière. Or il semblerait que ce poste convoité ne serait pas assuré au Super Intendant, ce qui aurait suscité son amertume.
La Loi prévoit une peine allant jusqu’à trois années d’emprisonnement pour tout fonctionnaire dévoilant à la presse des informations internes sur des enquêtes en cours sans y avoir été autorisé explicitement par le Conseiller juridique du Gouvernement. Dans le cas des enquêtes dont fait l’objet le Premier ministre, en dépit des ressources énormes consacrées depuis deux ans et que cela n’a toujours rien donné, les fuites de la police ont en quelque sorte servi de soupape à la frustration des enquêteurs cherchant à mettre sur leur tableau de chasse un Premier ministre. De surcroit, cela a entretenu la campagne publique de la gauche et orchestrée par des fonds étrangers d’exiger la démission de Netanyahou et de faire pression sur le Conseiller juridique du Gouvernement et sur le Procureur de l’Etat pour l’inculper.
Maitre Pinhas Fishler, un avocat qui dans le passé a été enquêteur de police et chef de cabinet de Netanyahou en 1996 a déposé une plainte à la police des polices contre le patron de la police d’Israël, Rony Alsheikh. Dans sa plainte, Maitre Fishler accuse le super Intendant de la police d’avoir manqué à son devoir et d’avoir délibérément dévoilé des infos tendancieuses sur l’enquête en cours alors qu’il n’était pas autorisé à le faire.
Dans la classe politique et médiatique, on peut qualifier cela d’hystérie générale à tel point que cette affaire aurait presque éclipsé les tensions au Nord d’Israël face aux Syriens et aux Iraniens. Certains mêmes sont allés jusqu’à spéculer que le Premier ministre aurait lancé le raid de représailles à l’intrusion d’un drone iranien dans l’espace aérien israélien, ceci comme dérivatif aux enquêtes dont il fait l’objet.
Beaucoup n’ont pas voté pour Netanyahou, mais en telles circonstances, le peuple toute tendance confondue a son mot à dire. En démocratie, c’est lui et seulement lui qui décide de qui est à sa tête, pas les anciens fonctionnaires des services de sécurité ou de police aussi brillants et compétents soient-ils, ni les militaires de haut rang, ni les juges ni les intelligents autoproclamés qui croient savoir mieux savoir que le peuple ce qui est bon pour lui. C’est le peuple qui choisit et qui a le dernier mot.
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