Par Meïr Ben-Hayoun
Certains voudraient mettre sur le même plan les citoyens français musulmans participant aux massacres en Syrie et en Iraq aux côtés des nazislamistes de l’EIIL (Etat islamique en Iraq et au Levant), et les jeunes Juifs de France qui se sont engagés dans Tsahal. C’est plus qu’une différence de nature entre la bestialité structurelle de ces djihadistes qui violent et éventrent des femmes et des enfants à l’arme blanche dans un summum de jouissance, et des combattants de la plus noble des armées du monde.
Cette question a été soulevée suite à la couverture médiatique de la presse française sur des jeunes Olim de France tués ou blessés lors des combats dans la Bande de Gaza, notamment Jordan Bensemhoun Hy’d, originaire de Lyon, 22 ans, combattant du Régiment Golani tombé lors des affrontements à Sadja’ïyeh.
Depuis très longtemps, des jeunes Juifs de France s’engagent et combattent dans Tsahal. Ceci est ancré dans des accords officiels entre l’Etat d’Israël et la République française. Depuis très longtemps, non seulement des jeunes Juifs de France s’engagent et combattent dans Tsahal, mais de surcroit, ceci est ancré dans des accords officiels entre l’Etat d’Israël et la République française. Il n’y a rien de plus légal et de plus reconnu entre ces deux Etats. Cet aspect des relations bilatérales est une réminiscence de l’alliance militaire très étroite entre Israël et la France scellée entre autres lors de la Campagne du Sinaï en 1956.
Une convention militaire bilatérale entre la France et Israël datant de l’année 1959 a été communément appelée le “modèle B”, en hébreu, Tofess Bet. Elle stipulait qu’un Israélien détenteur de la citoyenneté française devait effectuer son service militaire dans le pays où il résidait au moment de l’appel d’incorporation. S’il se trouvait en France, il devait accomplir son service militaire dans l’Armée nationale française. Par contre, s’il se trouvait en Israël, il devait effectuer son service militaire dans Tsahal. Et le pays des deux où il n’avait pas effectué son service national l’exemptait de son devoir militaire. Autrement, ce jeune homme, citoyen d’Israël et citoyen de la France aussi, aurait dû s’acquitter de ses obligations militaires dans les deux pays, et en Israël, et en France.
Par exemple, un jeune Juif de France ayant fait son Alyah à partir de l’âge de 18 ans jusqu’à l’âge de 25 ans était redevable du service militaire en France du fait de sa citoyenneté française. En se présentant au Bureau de recrutement de Tsahal en Israël, Il n’était pas tout de suite incorporé. Etait vérifié son statut en vertu du « modèle B », à savoir si son ordre d’incorporation ne lui avait pas déjà été envoyé lorsqu’il était encore en France avant son Alyah. Si c’était le cas, il devait retourner en France pour s’acquitter de ses obligations militaires. En général, le modèle B stipulait qu’il devait effectuer son service militaire en Israël.
D’autre part, un jeune Juif de France arrivant en Israël après avoir achevé son service militaire en France était par conséquent exempté du service militaire dans Tsahal. On ne l’incorporait ni pour trois ans, ni pour deux deux, ni même pour un an de service militaire, juste pour une période relativement courte d’entrainement et d’adaptation de 4 à 6 mois pour l’intégrer dans les effectifs des réserves, les milouïm.
Bien avant l’accord militaire bilatéral entre l’Etat d’Israël et la République française, beaucoup de jeunes Juifs citoyens français d’Afrique du Nord comme de France, ont non seulement participé aux guerres de la France (Seconde guerre mondiale, Indochine, Algérie), mais depuis 1948 après leur Alyah, ils ont également combattu comme réservistes lors des guerres d’Israël.
Au sein de l’Association des Anciens combattants de l’Armée française en Israël, il y a des messieurs plus tous jeunes qui étaient militaires dans l’Armée française pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont combattu les Allemands. En 48, certains d’entre eux sont venus en Israël pour la Guerre d’Indépendance. Par exemple un Monsieur Lugassi résidant à Jérusalem : il a débarqué en Normandie avec les Forces françaises libres en juin 44, et en 1948, il faisait partie des volontaires du Bétar sur l’Altalena.
M. Marcel Benguigui originaire de la région de Temouchent en Algérie a été appelé avec les Juifs incorporables pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a participé au débarquement en Italie avec les forces alliées en 1943 et a combattu au Monte Cassino. Après la guerre, tout seul, il est arrivé en Israël. Marcel Benguigui a été tué lors des combats de la Guerre d’Indépendance. Retrouver sa trace quelques années plus tard et savoir où il a été inhumé ne fut pas sans peine pour sa famille, comme pour beaucoup de combattants juifs tués lors de cette guerre dont la sépulture n’est pas connue.
Après la Seconde guerre mondiale, des jeunes Juifs de l’Armée française ont combattu soit en Indochine soit en Algérie. Juste après leur service militaire, certains d’entre eux ont fait leur Alyah. C’est comme réservistes qu’ils ont participé à des guerres d’Israël, notamment la Guerre des Six Jours et la Guerre de Kippour. Donc beaucoup de jeunes Olim de France et d’Afrique du Nord des années 50 et 60 ont eu ce même parcours d’avoir servi dans l’Armée française et dans Tsahal et d’avoir participé aux guerres des deux pays.
A ce titre, il est intéressant de se souvenir qu’en 1967, des Juifs français et même des non-Juifs se sont présentés à l’Ambassade d’Israël à Paris pour se porter volontaires à combattre au sein de Tsahal contre les armées arabes qui menaçaient l’Etat juif. A ce titre, il est intéressant de se souvenir qu’en 1967, des Juifs français et même des non-Juifs se sont présentés à l’Ambassade d’Israël à Paris pour se porter volontaires à combattre au sein de Tsahal contre les armées arabes qui menaçaient l’Etat juif. Comme la Guerre des Six Jours fut de très courte durée, leur contribution militaire ne s’avéra pas nécessaire. Il est difficile aujourd’hui de s’imaginer ce qu’était cette époque avant que le palestinisme ne vienne défigurer totalement la vie publique en France, puis en Europe.
En Israël, il y avait aussi une Association des anciens de la Légion française. La plupart sont décédés aujourd’hui. Chose surprenante, parmi ces anciens légionnaires citoyens d’Israël, certains se sont convertis au judaïsme après leur service dans la Légion et ont fait leur Alyah par la suite. J’en ai connu personnellement un de ces braves dans une synagogue à Nataniya, un Monsieur Schmidt, Amram Schmidt Zal. Ce monsieur est né Konrad Schmidt. En 1945, il avait à peine 16 ans. A la fin de la Guerre, la Wehrmacht en retraite jetait au combat des adolescents encore imberbes. Monsieur Schmidt était de ceux-là. Il déserta la Wehrmacht. On ne sait pas trop comment, il est arrivé en France et s’est engagé dans la Légion où il a servi très longtemps. Après sa démobilisation de l’Armée française, il s’est installé à Strasbourg où il s’est converti au judaïsme, puis il a fait son Alyah. Parcours étonnant que ce jeune Allemand désertant la Wehrmacht, s’engageant dans la Légion étrangère, se convertissant au judaïsme puis faisant son Alyah et arrivant tous les matins à la synagogue avec la précision d’une montre suisse. Que son souvenir soit bénédiction.
Mais le plus célèbre de tous les anciens militaires français ayant servi dans l’Armée d’Israël est je crois David Chaltiel (1903-1969) dont des rues dans toutes les villes du pays portent le nom. David Chaltiel a été le Commandant des forces de la Haganah pendant la Guerre d’Indépendance en 1948 pour la région de Jérusalem, là où cette guerre a été la plus difficile. David Chaltiel a servi dans la Légion française jusqu’en 1932 où il en sortit avec le grade de capitaine.
Un autre vétéran de l’Armée française, également de la Légion étrangère, est une figure de proue des parachutistes israéliens toute génération confondue. Il s’agit du Lieutenant-colonel Marcel Tobias zal (1914-1972). Le camp d’entrainement au saut en parachute de Tsahal a été nommé « Installation Marcel Tobias ». Et pour cause, Marcel Tobias a été des pionniers du parachutisme dans Tsahal.
Marcel Tobias est le seul Israélien à avoir servi dans quatre armées différentes. Il est né en Autriche. Tout jeune, il fut envoyé dans un internat militaire au nom de l’impératrice d’Autriche, Marie-Thérèse. Jeune officier dans l’armée autrichienne, il eut une liaison torride avec l’épouse de son supérieur hiérarchique. Vu ce qui l’attendait, Marcel Tobias déserta, et avec de faux papiers sous le nom de Joseph Kalterbruner, il s’engagea dans la Légion étrangère à Sidi-Bel-Abbès en Algérie.
Pendant la sinistre période du Livre blanc du Mandat britannique, dans le cadre de l’Alyah illégale, Marcel Tobias arriva en Israël sur la plage de Nataniya (alors déserte). Pendant l’été 1940, avec les volontaires d’Eretz Israël pour combattre l’Allemagne nazie, Marcel Tobias s’engagea dans l’Armée royale britannique, ce qu’on appelait la Brigade juive. En 1941 dans le secteur de Tobrouk, Marcel se rendit dans un pub pour militaires. Un Sergent Major anglais mal luné lui lança bloody jew, maudit juif. En guise de réponse, Marcel Tobias le tua en le frappant Un Sergent Major anglais mal luné lui lança bloody jew, maudit juif. En guise de réponse, Marcel Tobias le tua en le frappant. Ecroué en cour martiale, Marcel Tobias fut condamné aux travaux forcés. L’affaire arriva jusqu’au Parlement à Londres et Marcel fut libéré au début de l’année 43. On raconte que, du fait de ses connaissances militaires acquises dans une académie militaire en Autriche, Marcel Tobias a servi au sein d’une unité de commando britannique opérant derrière les lignes ennemies.
De retour dans la Brigade juive, pour une action contre les troupes italiennes dans la région de Benghazi, Marcel Tobias se vit décerner une décoration militaire, la DSM (Distinguished Service Medal) de l’Armée royale britannique. Au terme de la Seconde guerre mondiale, Marcel fut envoyé dans le cadre de la Brigade juive organiser l’Alyah de réfugiés juifs en Europe. En Bavière et en Autriche, Marcel fit partie d’un petit groupe de la Brigade juive commandé par Haïm Laskov[1] et Israël Carmi dont les relations avec le Renseignement britannique permirent de retrouver des officiers SS et de la Gestapo en cavale et de les exécuter au nom du peuple juif. Ce groupe fut connu plus tard comme les nokmim, les vengeurs.
Mais c’est dans Tsahal que Marcel Tobias donna la pleine mesure de ses talents. Au tout début comme simple soldat. Il se joint aux Parachutistes dès 1949. En 1956, il était le second de Raphael Eytan[2], le commandant du Bataillon 890 qui fut parachuté au Mitlé dans le Sinaï. Marcel Tobias a participé à toutes les guerres d’Israël. Il a été membre de délégations militaires israéliennes au Népal et en Afrique. En 1972 au Zaïre, pour son 1950ème saut, le parachute de Marcel Tobias ne s’est pas ouvert. Il n’avait que 58 ans. Que le souvenir de Marcel Tobias, ce grand combattant de Tsahal passé par la Légion étrangère nous soit bénédiction.
Ceci n’est qu’un échantillon très sommaire de l’histoire de l’interface entre l’Armée française et Tsahal. Il n’est donc point fortuit que dans plusieurs villes d’Israël (Jérusalem, Haïfa, Nataniya), des rues soient appelées au nom du Général de la Légion française pendant la Seconde guerre mondiale, le Général Pierre Koenig, un des héros de la Libération. Le Général Pierre Koenig fut le premier Président de l’Association France-Israël.
Voilà donc pourquoi les jeunes combattants Juifs de France servant dans Tsahal aujourd’hui sont les héritiers d’une saga glorieuse de Juifs venus de France et d’autres horizons, incorporés soit dans l’Armée française, soit dans Tsahal ou dans les deux, avec la bienveillance et l’accord officiel des deux armées, des deux pays, l’Etat d’Israël et la République française.
[1] Haïm Laskov, 5ème Chef d’Etat-major de Tsahal (1958 à 1961), nommé juste après Moché Dayan. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Haïm Laskov est arrivé au grade de Major dans l’Armée royale britannique, commandant de compagnie dans la Brigade juive des volontaires d’Eretz Israël.
[2] Raphael Eytan dit « Rafoul », 11ème Chef d’Etat-major de Tsahal (1978 à 1983) nommé juste après Mordehaï Gour. Lors de son mandat, fut lancée la Première Guerre du Liban en 1982. Raphael Eytan est de la génération des premiers parachutistes israéliens.
ILS NE S ENGAGENT pas DANS TSAHAL , TOUT SIMPLEMENT APRES 2000 ANS D EXILENT , LES ENFANTS D ISRAEL RENTRENT CHEZ EUX , A BON ENTENDEUR SHALOM