Marius Schattner invité au grand débat d’i24news

Un voyage au bout de l’enfer

Marius Schattner est régulièrement sollicité par i24news pour des  analyses. Lors du débat du 20 décembre 2017 portant sur la déclaration du Président Trump reconnaissant Jérusalem capitale de l’Etat juif, Schattner a soutenu qu’il faudrait soustraire d’Israël la partie de la ville libérée en 1967, là où se trouvent nos sites les plus chargés comme le Kotel et le Mont du Temple. A entendre les questions des présentateurs d’i24news, Danielle Attelan et Jean-Charles Banoun, ainsi que les réponses de son opposant le Professeur Richard Landes, savent-ils qui est réellement Marius Schattner?

Schattner est présenté comme un Franco-Israélien humaniste, de gauche,  soutenant la revendication d’un Etat pour les envahisseurs arabes dit “palestiniens” selon la formule: deux Etats pour deux peuples. Est-ce là sa réelle motivation ?

Schattner est un Juif français qui a fait son Alyah en 1968; il a rejoint Matzpen, le mouvement israélien marxiste radical et résolument antisioniste. Le Matzpen a été fondé en 1962 par des étudiants et des enseignants du département de Mathématiques et de Physique de l’Université hébraïque de Jérusalem. “Cette année-là, c’était l’année 62” comme chantait Claude François; on était encore loin de la prétendue “occupation” de Jérusalem et des terres libérées qui a servi d’alibi à l’idéologie antisioniste de Matzpen à partir de 1967.

Manifestation de Matzpen à côté des bureaux d’Air France à Tel Aviv dans les années 70

En effet, pour Matzpen, le sionisme, de droite comme de gauche, est par essence colonialiste. Selon Matzpen, la présence des Juifs d’Eretz Israël ne saurait y être légitime que dans le cadre d’un Etat de tous ses citoyens et que dans la mesure où il n’est pas leur Etat-nation et où ils se joindraient aux masses arabes pour y mener la lutte prolétarienne, la lutte internationale. De cette dialectique prolétarienne de lutte des classes, il n’en est pas resté grand-chose, si ce n’est une subversion fanatique contre l’existence même d’un Etat juif et un antisionisme virulent.

Protestation de Matzpen dans les années 70

Comment Marius Schattner, un jeune de l’Alyah de France s’est offert à cette idéologie ? Pour les camarades de sa génération en France, c’est mai 1968, Dany le Rouge, la ferveur et l’ivresse de la révolution.
Etudiant au Département de Mathématiques à l’Université de Jérusalem, probablement là Schattner entrera en contact avec les membres fondateurs de Matzpen. L’un d’entre eux, Moshé Machover est déjà membre du personnel enseignant. Pour Machover né à Tel Aviv en 1936, dès le tout début en 1962, c’est-à-dire 14 ans après l’édification de l’Etat d’Israël, les membres de Matzpen arrivent à la conclusion que le sionisme est un mouvement par nature colonialiste selon le schéma honi de la dualité oppresseurs/opprimés où une population venue d’ailleurs colonise les terres d’une population indigène.  Le Retour à Sion du peuple juif en exil de sa patrie détruite par Rome et qui en est resté fidèle et en espérance d’y rénover sa souveraineté est totalement éludée par Matzpen.

Moshé Machover, un des fondateurs du Matzpen, expulsé du Pari Labor britannique pour antisémitisme

Est-ce que pour Schattner, embrasser cette idéologie mortifère répondait à un besoin de s’encanailler ou de se singulariser pour un jeune homme pas encore très conscient des enjeux ? En 1970, il quittera Matzpen, mais non pour revenir à de meilleures résolutions juives. Dans le cadre d’une scission pour un engagement encore plus radical, l’Alliance communiste révolutionnaire “Hamaavak” (la lutte) dont il a été non pas un militant lambda ou simple sympathisant, mais membre du Comité central avec Dan Vered, Ilan Halévy (plus tard qui s’exilera en France et renoncera à la citoyenneté israélienne), et le sinistrement célèbre Oudi Adiv ainsi que d’autres. Oudi Adiv, membre du kibboutz Gan Shmouel (bastion de la gauche radicale), et réserviste des parachutistes qui poussera son engagement jusqu’à fournir des informations militaires pour les services de renseignement syriens.

Dan Vered libéré après avoir purgé une peine de prison pour   trahison

De même, Dan Vered du même âge que Schattner et lui aussi étudiant en mathématiques. Vered, sera jugé et condamné pour espionnage au profit de la Syrie. Libéré de prison en 1979, Vered a repris ses activités de professeur de mathématiques et a enseigné dans plusieurs lycées à Tel-Aviv. En 1980 le Chef d’Etat-major Raphael Eytan tentera d’empêcher son recrutement comme enseignant, mais en vain. Voilà qui ont été certains des compagnons de route idéologique de Schattner lui aussi un temps professeur de mathématique, mais dont la vocation n’a pas été de familiariser la jeunesse israélienne aux équations du second degré comme nous le verrons ultérieurement.

Dan Vered de nos jours

Lors de conférences qu’il donne en France, même si son discours s’est quelque peu modéré, le tempo en est le même. On n’a jamais entendu Schattner exprimer un repenti pour des positions plus réalistes comme la plupart des anciens révolutionnaires assagis après des années, ni des regrets ou ne serait-ce qu’un aggiornamento.

Ce n’est donc pas la perspective de voir Jérusalem-Est capitale arabe à côté de Jérusalem-Ouest capitale de l’Etat d’Israël qui satisferait les vétérans du Matzpen comme Schattner, si ce n’est que comme étape intermédiaire à la disparition de l’Etat d’Israël comme Etat juif. Pour eux, le caractère juif de l’Etat est une aberration. De sorte que tous les présupposés de ce débat sur i24news étaient pipés. Et il en est de même lors des débats auxquels Schattner est invité aux réunions de Francophones d’Israël. Ce n’est pas la création d’une entité étatique arabe aux côtés de l’Etat juif qu’il appelle de tous ses vœux. Ni le public qui le regarde,  ni ses protagonistes ne savent réellement à qui ils ont à faire , ni même probablement ceux qui le sollicitent à participer à ces débats.

Schattner à l’Iremmo

Marius Schattner collabore aux activités de l’Iremmo, l’institut de recherche Méditerranée et Moyen Orient à Paris, organisme dont la raison d’être est un délire permanent contre Israël. L’Iremmo et animé par un Juif antisioniste d’aspect répugnant (phénomène fréquent dans ce milieu) répondant au nom de Daniel Vidal. D’autres cas pathologiques participent à l’Iremmo comme David Chemla fondateur de Jcall ou des apparutions encore plus baroques comme Jean Stern, militant gay et antisioniste dont la thèse consiste à soutenir que la gaypride annuelle de Tel Aviv est une stratégie de Netanyahou à promouvoir l’image d’Israël auprès de publics dits progressistes. C’est l’Iremmo qui a introduit Shlomo Sand au public français et qui régulièrement lui offre un podium pour y exposer ses élucubrations. Ce sont donc là les cercles de fréquentation de Schattner en France. L’Iremmo est aussi, est-il besoin de le préciser, l’un des foyers des appels de BDS. Une véritable parade des horreurs, n’est-ce pas ?

Michel Warschavski aux côtés de Tarik Ramadan

Marius Schattner n’a toutefois pas franchi le Rubicon de fournir des renseignements à teneur stratégique à l’ennemi comme ses camarades Oudi Adiv et Dan Vered du comité central, ou comme en 1988 un autre membre du Matzpen de ses amis issu de l’Alyah de France, Michel Warschavski le fils de l’ancien Grand Rabbin du Bas Rhin Max Warschavski.

En tant que ressortissant français, Schattner s’est trouvé un horizon pour diffuser son crédo et en faire un fond de commerce en toute quiétude. Il est devenu journaliste pour des organes de presse de France à une époque où percevoir un salaire de journaliste français en Israël était très convoité. Pour avoir un ordre de grandeur, dans les années 70 et 80 le salaire moyen israélien était cinq fois inférieur à un salaire moyen français. En 1979, Schattner a été engagé comme correspondant permanent de Libération en Israël. Jusqu’en 2011, il a été directeur à Jérusalem de la pièce maitresse de l’arsenal de délégitimisation d’Israël dans les médias français, l’AFP. Au sein de l’Agence France Presse, un membre de l’Alyah de France, Schattner, a donc été le grossiste exclusif fournissant dépêches et infos en provenance d’Israël aux détaillants que sont les organes de presse d’expression française dans le monde.

A ce titre, il est bon de mentionner que Schattner est proche de Charles Enderlin qu’il soutient jusqu’à présent. Il prend sa défense en affirmant que le célèbre reportage connu comme l’Affaire A Dura n’a pas été bidonné.

Charles Enderlin sur France 2

Lors de déplacements fréquents à l’étranger et en France en particulier, Marius Schatnner fait partie de ces fournisseurs de munitions idéologiques pour les détracteurs d’Israël. Sa connaissance de la société israélienne n’est mise à contribution que pour miner l’existence du pays et pour porter la bonne parole de la “cause palestinienne”, prétexte et excuse pour mettre en œuvre l’idéologie dont l’objectif est de faire disparaitre Israël en tant qu’Etat juif.

Marius Schattner avec Michael Blum journaliste de l’AFP à Jérusalem au salon du livre de langue française en 2010

Les postes aux salaires confortables rémunérés en francs français qu’il a obtenus dans les années 80, 90 et 2000 n’auraient pu être octroyés à un membre normatif de l’Alyah de France. Un de mes amis pourtant de gauche a tenté de collaborer pour l’AFP à Jérusalem à la fin des années 80. On était alors au début de la première Intifada. Il était aux anges quand on l’a informé du salaire de débutant qu’il allait toucher. Quelques jours après, cet ami s’est confié à moi : “si je continue pour l’AFP, je vends mon âme de sioniste au diable”. En dépit des avantages de cet emploi et alors qu’il n’avait pas d’horizon d’embauche en perspective, cet ami a trouvé le ressort pour démissionner. En revanche, d’autres francophones de profil similaire se sont lamentablement compromis et n’ont pas renoncé à ce gagne-pain empoisonné de l’AFP. Et ils n’ont rien trouvé de mieux à faire que de s’asservir et de collaborer avec Schattner, et de fil en aiguille,  de devenir ses amis. Ce sont ces idiots inutiles et bien connus qui lui servent de marchepieds pour ses entrées à i24news et à d’autres manifestations culturelles des francophones d’Israël.

Lors du salon du livre de langue française à         Jérusalem en 2010, évènement organisé par                    l’Ambassade de France en Israel

Schattner est intime de l’Ambassade de France à Tel Aviv et du Consulat général de France à Jérusalem et de ces fréquentations on ne peut plus précieuses et rangées. L’AFP avec les représentations diplomatiques constituent la task force de la politique étrangère du Quai d’Orsay au Moyen Orient, à savoir la lutte pour la cause de l’ennemi “palestinien”, afin d’étrangler Israël aux “frontières d’Auschwitz” du 5 juin 1967 et que Jérusalem n’en soit pas la capitale, étape intermédiaire à la disparition d’Israël comme Etat-nation du peuple juif, rappelons-le.

A cet égard, Schattner ne réside pas comme beaucoup de membres l’Alyah de France dans l’une des “colonies” de Jérusalem “occupée”, les quartiers populaires aux logements à tarif plus abordable comme Armon Hanatsiv, Pisgat Zeev, Gilo, Ramat Shlomo ou Har Homa. Ce militant marxiste radical habite dans le quartier le plus huppé de la capitale, Rehavia. Quand on fréquente les diplomates français, les milieux des médias, quand on est résident du quartier de Rehavia et que les notes de frais élyséens sont à la charge du contribuable français qui subventionne l’AFP, tout ce qu’il faut pour perpétuer jusqu’à la retraite ce train de vie confortable d’oisiveté, c’est discréditer continuellement l’Etat d’Israël dont on est citoyen.

L’antisémitisme pestilentiel camouflé par ces échafaudages idéologiques alambiqués n’est pas étranger à cela. Même le Parti travailliste britannique pourtant très tendancieux à l’égard d’Israël et qui est favorable à la cause palestinienne sous l’égide de Jeremy Corbin n’a pas pu ne pas en prendre acte. En effet, l’un des mentors et fondateurs de Matzpen qui a probablement inspiré Schattner, le professeur Moché Machover mentionné plus haut, a quitté Israël pour s’installer en Angleterre après la Guerre des Six Jours. Naturalisé anglais et membre du Parti travailliste britannique, Moché Machover y a distillé son antisionisme et son antisémitisme. Dans un récent article, il a soutenu que le mouvement sioniste et le mouvement nazi avaient été alliés. La direction du Parti Travailliste n’a pas pu faire autrement que de le renvoyer de ses rangs pour officiellement “cause d’antisémitisme”. Dans un film sur Matzpen, Machover affirmait que suite à la Shoah, la gauche européenne “était trop indulgente envers le sionisme” et que lui et ses camarades y étaient venus pour corriger cela.

Probablement que les fréquentes et régulières apparitions de Schattner sur l’antenne d’i24news et ailleurs ont le même objectif : réparer “l’indulgence” au sionisme. On est même en droit de s’interroger si la raison de vivre de Schattner en Israël serait cet objectif : miner les fondements de l’Etat juif.

Meïr Ben-Hayoun

P.S. Ce n’est pas Marius Schattner la personne privée qui nous intéresse. Il ne représente strictement aucun intérêt et il parvient très bien tout seul à s’autodétruire en tant que Juif et en tant qu’être humain, mais Schattner comme concept, comme phénomène, exemple typique d’individus et de comportements qui font de l’entrisme comme à i24news entre autres et la convergence de leurs efforts avec les tentatives de l’ennemi pour détruire ce que nous avons réussi à ériger de façon inouie après 1800 ans d’exil.