Par Méir Ben-Hayoun
L’assassinat de l’Ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi ne peut pas ne pas rappeler un film prémonitoire réalisé il y a douze ans. Il s’agit de « l’enfer du devoir » (Rules of engagement) réalisé par le célèbre metteur en scène William Friedkin (French Connection, l’exorciste) avec Samuel L. Jackson et Tommy Lee Jones.
Une fois n’est pas coutume, nous allons parler cinéma sans toutefois déroger de notre mission d’informer sur Israël et sur le Moyen-Orient. Probablement que dans le futur, nous consacrerons une rubrique « cinéma ». En effet, L’assassinat de l’Ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi hier ne peut pas ne pas rappeler un film américain réalisé il y a douze ans. Il s’agit de « l’enfer du devoir » (Rules of engagement) réalisé par le célèbre metteur en scène William Friedkin (French Connection, L’exorciste) avec Samuel L. Jackson et Tommy Lee Jones.
« L’enfer du devoir » est sorti sur les écrans en Israël en juillet 2000, un mois après le retrait de Tsahal du Sud Liban ordonné par le Premier ministre Ehoud Barak et trois mois avant la Guerre d’Oslo, et un peu plus d’un an avant l’offensive d’Al Qaeda le 11 septembre 2001. Combien prémonitoire sur ce qui allait se passer, ce film de William Friedkin avait alors été qualifié de « réactionnaire » et d’avoir atténué cela en donnant le rôle principal à un acteur afro-américain, Samuel L. Jackson.
Vétéran de la Guerre du Vietnam, le Colonel Terry Childers incarné par Samuel L. Jackson est chargé d’une mission de sauvetage. A la tête d’une force d’intervention héliportée de Marines à bord de la Flotte de l’US Navy dans les eaux du Golfe persique, le Colonel Terry Childers doit déployer ses hommes dans le périmètre de l’ambassade US pour évacuer le personnel américain. L’ambassade a été prise d’assaut par des islamistes, une foule d’émeutiers hystériques composée d’hommes, femmes et enfants jetant des pavés et des cocktails Molotov. Au milieu de cette foule, des djihadistes tirent des rafales de kalachnikov vers les fenêtres et vers le toit de l’Ambassade d’où les hélicoptères sont censés atterrir pour évacuer le personnel et les Marines. Ce cas de figure d’engagement où les terroristes mêlés à la populace en furie ouvrent le feu est très familier pour les combattants israéliens ayant servi en Judée-Samarie et dans la Bande de Gaza ces 25 dernières années.
Les Marines ont pour consigne de ne pas ouvrir le feu sous aucun prétexte pendant l’évacuation de l’ambassadeur (Ben Kingsley), de sa femme (Ann Archer) et de son enfant ainsi que du reste du personnel. Un Marine est touché par les balles des émeutiers et succombe. Les autres Marines retiennent toujours leur feu, puis un second et un troisième militaire tombent sous les balles d’AK 47. Le bilan provisoire est de trois Marines tués et l’évacuation est compromise. En danger, dans un état d’extrême tension avec les employés du corps diplomatique paniqués et terrés sur le toit de l’Ambassade les balles volant au-dessus de leurs têtes, Childers donne l’ordre à ses hommes d’ouvrir le feu pour trouver une issue. Les tirs de Kalachnikov cessent totalement, mais c’est le carnage : 80 hommes femmes et enfants sont tués par les balles des Marines. L’évacuation par hélicoptère peut se poursuivre sans dommage.
Le Département d’Etat à Washington doit alors faire face à l’opinion publique et à la colère de ses partenaires dans le monde arabe. Le Colonel Terry Childers est le bouc émissaire tout désigné et il sera écroué en Cour martiale pour meurtre afin de laver la politique américaine au Moyen-Orient de la responsabilité de ce massacre de civils. Pour ce faire, le Département d’Etat fait disparaitre le film vidéo de l’émeute et des tirs sur l’Ambassade et exige de l’Ambassadeur sauvé par Childers de ne pas témoigner sur ce qui s’est réellement passé. Un frère d’arme, le Colonel Hays Hodges (Tommy Lee Jones) avocat militaire qui fut sauvé sous le feu par Childers lors de la Guerre du Vietnam, le défendra en cour martiale. Cette seconde phase de la confrontation juridique du film est un peu moins bonne et s’enlise dans des clichés.
Il est recommandé de se procurer le DVD de ce film qui décrit remarquablement la réalité de violence bestiale et d’émeutes à caractère mi manifestation populaire, mi assaut armé au Moyen Orient et le bourbier diplomatique des nations occidentales abdiquant devant le monde arabe. Le fiasco hier à l’Ambassade US à Benghazi correspond tout à fait à un scénario de ce type. La réalité, et non la fiction cette fois, est que l’Ambassadeur Christopher Stevens a été sacrifié et que Washington ne peut s’en prendre qu’à ses alliés d’hier. Ces alliés étant cette nébuleuse de forces anti Kadhafistes en Libye qui, de par ailleurs, avaient trouvé grâce aux yeux du Français BHL et du Gouvernement Sarkozy.
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