Par Meïr Ben-Hayoun

Comme tous les ans, à Hanouccah, se multiplient les discours avec emphase sur des concepts abstraits comme “diffuser la lumière dans le monde” ou alors “chercher la lumière intérieure”.

 A force de vouloir intellectualiser, on en perd de vue l’essentiel. On fait appel à des symboliques parfois intéressants, mais souvent très fumeux, décontextualisant et déconnectant de ce que Hanouccah commémore.

 Sur le site Akadem, cette tendance en devient caricaturale si bien qu’on oublie de quoi il s’agit. Sans vouloir faire de jeu de mots, ces discours nous obscurcissent la fête des lumières.

Référons-nous aux textes à commencer par l’ajout dans la prière pour Hanouccah, où il n’est question que de miracles au bénéfice des moins nombreux et des plus faibles, nos ancêtres, que la paix soit sur eux.

 

Ces derniers, malgré leur désavantage tactique et leur nombre limité, ont pris l’initiative de guerres féroces contre l’empire grec des Séleucides. Le Livre des Maccabim mentionne que les premiers révoltés juifs n’étaient qu’un père et ses cinq fils, des Cohen. Ils ne savaient même pas ce qu’était une épée. Quand ils en saisirent une, ils l’ont tenue à l’envers si bien qu’ils se sont coupés les doigts ; de biens piètres combattants ne sachant pas le maniement des armes à leurs débuts qui allaient se révéler des lions féroces et terribles ainsi que fins tacticiens et des stratèges de haute volée. Les batailles des Maccabim sont étudiées dans les Hautes écoles de guerre et mentionnées par les historiens militaires jusqu’à présent, notamment par le docteur Ouri Milstein qui va jusqu’à comparer les guerres des Maccabim avec les armées modernes et les groupes juifs armés d’avant 1948 et Tsahal depuis l’Indépendance d’Israël.

Les textes parlent de batailles sanglantes pour débouter l’occupant, lui reprendre dans la violence Jérusalem et le Temple. En dernière phase, le miracle des lumières allumées au Beth Hamikdash, le Temple, avec un candélabre de fortune improvisé à la dernière minute avec des morceaux de fer, (pas la splendide menorah toute en or massif) et alors que le sang des Grecs était encore tout frais sur les glaives des Maccabim. C’est de cela dont il s’agit et sur quoi les Sages d’Israël ont mis l’accent.

Certains connaissant les textes objecteront que le Traité de Shabbat du Talmud de Babylone pose la question מהי חנוכה, « qu’est Hanouccah » et le texte y répond en ne se focalisant que sur l’allumage des lumières, sans référence aux guerres des Maccabim. Or les experts du Talmud mentionnent une omission dans ce texte. En effet, un peu plus haut dans ce texte, il s’agit de l’allumage des lumières du shabbat parce qu’on est dans le traité de Shabbat, le fameux במה מדליקים. Or si déjà on parle d’allumage des lumières, alors ce texte du Talmud poursuit dans la foulée sur les lumières de Hanouccah. Les experts affirment que la formule originale de la version authentique des Guéonim n’était pas מהי חנוכה, “qu’est Hanouccah”, mais מהי נר חנוכה, que le terme נר aurait disparu, les erreurs de recopie du Talmud au cours des siècles.

Les guerres des Maccabim ont été faites de combats d’une férocité inouïe. Selon les historiens, l’armée des Maccabim était très restreinte et à son summum n’a comptabilisé que 10 000 hommes.

Durant ces trois décennies de guerres contre les Grecs, 60 000 Juifs sont tombés lors des combats. A titre de comparaison, depuis 1948 jusqu’à présent, dans toutes les guerres d’Israël et attentats, le chiffre total transmis à la journée du souvenir, Yom Hazikaron, de l’année 2019 est de 23741 personnes tombées. Ce qui nous conduit à cette observation : quand le texte de la prière de Hanouccah mentionne en premier lieu les miracles de ces guerres qui ont duré 30 ans, on peut en conclure que le terme “miracles” pour les guerres d’Israël contemporaines en 71 ans n’est absolument pas galvaudé.

L’événement à proprement parler que nous célébrons à Hanouccah, à savoir la reconquête de Jérusalem et du Beth Hamikdash et l’allumage du candélabre avec la fiole d’huile pure, ne fut pas définitif. En effet, peu après, les Grecs ont repris Jérusalem et il a fallu batailler encore plus dur pour y revenir. C’est donc une victoire qui ne fut que de courte durée dans les guerres des Maccabim que nous célébrons en allumant les lumières.

Les Maccabim ont remporté des victoires extraordinaires certes, mais également des revers cuisants comme nous venons de le voir. Il a fallu des ressources en énergies affectives pour surmonter leurs désavantages en nombre et en armements et pour se relever des défaites.

Parfois, toute leur armée a été exterminée et des années ont été nécessaires pour la reconstituer. En temps réel, les miracles n’étaient donc pas toujours visibles et probants. Le miracle de Hanouccah, c’est probablement les ressources que les Juifs ont trouvées en eux-mêmes pour poursuivre les combats envers et contre tout, contre cette super puissance de l’époque.

Les Maccabim, ces saints hommes, ont tenté tous les recours militaires (harcèlements, guerrilla, etc.) et aussi politiques et diplomatiques. Et comme dans toute entreprise, ils commirent des erreurs. Par exemple, ils conclurent une alliance avec les tribus nabatéennes, les ancêtres des Arabes, au Sud de la Judée qui elles aussi étaient opposées aux Grecs. Or les Grecs mis au courant de cette alliance offrirent de l’or à ces tribus arabes et les retournèrent. Les Juifs ignorant cela se mirent en marche pour faire la jonction avec ces tribus arabes pensant livrer ensemble le combat contre les Grecs. Croyant rencontrer leurs alliés, au sein des tribus arabes étaient dissimulés des Grecs. Les combattants juifs furent trahis et décimés. Le chef militaire des Juifs, Yonathan Hamaccabi fut lui aussi tué. 3000 hommes, pratiquement toute la troupe juive, périrent par cette trahison ignoble. Les rares survivants juifs en fuite n’ont pas baissé les bras et abandonné la partie. Ils mirent plusieurs années à reconstituer une armée juive, mais avant de reprendre le combat contre les Grecs, il n’était pas question pour eux de laisser un compte non réglé. Dès qu’ils furent prêts, ils livrèrent bataille à ces tribus traitresses et se vengèrent dans une férocité et cruautés inouïes, ne laissant aucun survivant.

Les textes des Sages d’Israël les félicitent et dissertent sur l’origine de ce qui leur a octroyé la force et la sagesse de l’art de la guerre. Et de répondre que c’est Hakaddosh Habaroukh Hou qui, voyant le Juif s’engager au mépris de sa propre vie et alors qu’il n’a aucune chance de s’en sortir ou de vaincre, lui en donne les moyens. C’est la mitzva de messirout nefesh. Peut-être est-ce cela la “lumière intérieure” dont certains parlent? Il serait judicieux toutefois de relier cette “lumière intérieure” au thème de Hanoucah, de messirout nefesh et Kidoush Shem shamayim dans les circonstances d’une guerre impossible.

Tous les cinq fils de Mattatyahou ont été tués lors de ces guerres contre les Grecs, TOUS sans exceptions!!!!! Yehouda, Elazar, Yohanan, Yonathan et Shimon. De sorte que faire de Hanouccah qu’une lutte contre l’assimilation ou une abstraction piétiste ou spiritualiste, c’est bien réducteur.

Imaginons-nous si dans 500 ou 1000 ans, on célèbre Yom Haatsmaout en occultant la Guerre d’Indépendance. La prière que nous lisons en allumant les lumières en fait sa teneur de ces combats et des miracles qui les ont accompagnés.

A ce titre, dans notre Tradition, il est à remarquer que Hanouccah est la seule fête du calendrier hébraïque avec Souccoth où on lit le Hallel complet pendant tous les huit jours.

Dans le Yad Hahazaka, l’œuvre monumentale de Halakha de Maimonide, Harambam, les règles sur la lecture du Hallel se trouvent dans le chapitre consacré aux Halakhot de Hanoucca, et non dans les Halakhot de Roch Hodesh, la néoménie ou des fêtes de pèlerinage. Cela est plus qu’éloquent.

En allumant les lumières de Hanouccah, nous nous référons donc à l’allumage des lumières du candélabre au Beth Hamikdash reconquis des mains des Grecs. Aujourd’hui, alors que certains allument parfois la Hanoukiah dans les palais chez des chefs d’Etat étrangers, à la Maison Blanche, ou quand le dirigeant britannique Boris Johnson ou l’ancien Gouverneur de Californie Arnold Schwartznegger y participent, ou dans les lieux publics des grandes capitales comme la Vème Avenue à Manhattan ou à la Tour Eiffel……… sauf……. ,sauf à l’endroit de prédilection ou seul il devrait y être, à Jérusalem, sur le lieu de l’évènement de Hanouccah, à savoir le Mont du Temple toujours abandonné aux nazislamistes avec deux édifices de débauche que sont le dôme d’Omar et El Aqsa.

Qu’un terme soit mis à cette méga honte où nous ne pouvons pas allumer le candélabre comme l’ont fait les libérateurs de Hanoucca. Cela ne saurait trop nous interpeller si nous voulons être dignes de cette fête et de l’héritage de nos ancêtres les Maccabim. Amen Veamen.

Hanouccah sameah à tous, les descendants en lignée directe des Maccabim