Traduction et adaptation: Meir BEN HAYOUN
Sources : Israel Hayom, Ordre de la Libération
Des volontaires juifs d’Afrique du Nord libérant héroïquement le Néguev avec à leur tête un officier français chrétien ?? Cela parait invraisemblable d’autant que l’histoire officielle les avait occultés. Un chapitre véridique de la Guerre d’Indépendance, ou de la pure mythomanie ?
Ils constituaient un corps étranger au sein des forces qui allaient libérer le Néguev en 1948 – des volontaires d’Afrique du Nord ayant opérer héroïquement aux côtés des “beaux et braves” du Palmah. A leur tête, un officier sans peur et sans reproche.
Or les combattants du “commando français”, même après avoir fait le sacrifice ultime n’ont pas été reconnus par l’establishment. Michael Cohen qui a mené l’enquête sur cette unité affirme : “la bataille pour Beer-Shev’a a duré cinq heures. Pendant deux heures et demi, les combattants du commando français se sont battus seuls. On doit leur rendre hommage”
Des nazis dans le Néguev se battant contre des Marocains du Palmah. Ce qui semble un mythe inventé de toute pièce s’est réellement passé, un chapitre de la Guerre d’Indépendance d’Israël qui a été oublié par les années qui passent et enfoui dans les sables du Désert du Néguev.
Pour le comprendre, il faut revenir à une journée de février 1948 lorsqu’un compagnon de la Libération, le Capitaine Thadée Diffre, vétéran de la Seconde Guerre mondiale en Afrique du Nord, en Normandie et de la Libération de Paris en 1944, s’est présenté à l’Agence Juive à Paris. L’hôte inattendu déclare vouloir se joindre aux forces juives pour combattre en Eretz Israël. Le représentant de la Hagana le suspecte de faire partie d’une opération d’espionnage. Il se demandait que pouvait chercher un Français catholique auprès des Juifs dans leur Guerre d’Indépendance. Diffre lui a répondu que les Arabes sont les ennemis de la France et qu’il a toujours combattu du côté de la justice. En tant qu’officier aguerri, il désirait contribuer à la victoire des Juifs.
Diffre fut envoyé dans un camp d’entrainement à Béria dans le Sud de la France. Là, un émissaire du Palmah, Eliézer (Elie) Oberlander réunit des volontaires ayant de l’expérience militaire ainsi que des jeunes du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de Tripolitaine qu’il parvint à persuader à se porter volontaires pour la guerre. Quoi ? Des combattant du Palmah marocains ? Des orientaux ? Au final, tout cela finira par avoir du sens.
Diffre alors âgé de 35 ans, refait ses classes. Toutefois, les cadres du Palmah ne lui font pas tout-à-fait confiance. Ils lui font passer le cours de sous-officiers au terme duquel il écrira avec sarcasme : “enfin, on m’accorde le grade de caporal. Quelle chance ! Vive l’armée !”. Finalement, il sera envoyé en Israël comme conseiller militaire. Il y rencontrera le commandant du Palmah, Itzhak Sadeh, qui verra en lui une passion et reconnaitra sa considérable expérience. Sadeh l’assignera comme conseiller aux forces transportées sur des véhicules blindés. Afin que son nom soit facile à prononcer en Israël, son prénom Thadée deviendra Teddy, et à la place de Diffre, Eytan.
“Personne n’avait la patience pour écouter les explications d’un conseiller étranger enseignant aux gens du cru la doctrine militaires des véhicules blindés” raconte Michael (Micky) Cohen, 91 ans, un fier membre du Palmah qui a enquêté sur le commando français et sur Eytan. Quand on revoit les photos de cette époque, on peut comprendre pourquoi. Les hommes du Palmah étaient méfiants à l’égard de ce Français haut de taille, portant béret et des lunettes de style Sorbonne.
Après maintes péripéties, Eytan/Diffre est affecté au Bataillon 89. Là, il a observé la percée dans le Néguev qui le fera sortir de ses gonds. Le Bataillon de la percée fut bloqué dans un wadi plusieurs heures durant et Eytan tentât de s’ingérer et de donner des ordres. Moshé Dayan, le commandant du Bataillon a écrit dans ses mémoires : “Teddy le Français a perdu son calme. Il s’est mis à injurier et à raconter ce que son commandant lui aurait fait si son Bataillon avait été coincé à cet endroit comme pour nous cette nuit-là”
Dayan ajouta qu’Eytan avait fait “très bonne impression”, mais décréta “qu’il n’avait pas grand-chose à leur apprendre”. En revanche, Eytan considérait Dayan en ces termes : “Dayan est un homme courageux, humain, très psychologue, qui se préoccupe de ses hommes et sait les faire opérer. Il n’a pas besoin de lever la voix pour se faire obéir et respecter. C’est un commandant né”
Dans la pagaille de la nouvelle armée formée en pleine guerre, on décida d’assigner à’Eytan le commandement d’un bataillon de volontaires francophones. “Il faut se souvenir qu’à cette époque, lorsque Tsahal distribuait aux combattants des pages explicatives, elles étaient rédigées en Yiddish” explique le docteur Zeev Zivan, qui a érigé le monument en souvenir des combattants du commando français à Ashelim.
“Lors des premières années de l’Etat, l’armée du peuple était comme la tour de Babel. Un ordre était donné en hébreu puis traduit en yiddish, et ensuite en anglais et en français. Et après cela, quelqu’un le traduisait en italien pour que quelque chose puisse en sortir ” raconte un vétéran du Palmah dans un film documentaire sur le commando français.
“Teddy fut assigné au commandement d’un bataillon de soldats francophones” explique Cohen. “Ils furent envoyés s’entrainer à débarquer de la mer dans la région de Césarée. L’idée était de leur faire couper les lignes de l’armée égyptienne avançant le long de la côte en direction de Tel Aviv, sur le modèle d’une incursion depuis la mer comme en Normandie en 1944. Or, lorsque les forces égyptiennes se sont arrêtées au carrefour de “Ad Halom“, cette opération s’avéra superflue et fut donc annulée “
Pourquoi un bataillon français ?
“Il y avait aussi un bataillon sud-américain, un bataillon anglais et d’autres bataillons parlant d’autres langues étrangères, mais qui n’avaient pas fait leurs preuves. Il y a eu des problèmes avec toute sorte de plaisantins. Eytan aussi a éprouvé des difficultés avec le niveau militaire et la discipline de ses hommes. Certains furent accusés d’ivresse, de trafic de drogue et de commerce d’équipement militaire volé, y compris de trafic d’armes au marché noir de Tel Aviv. Ce bataillon était dédaigné, considéré comme un ramassis de têtes brûlées venues combattre pour des motivations douteuses. Eytan réduisit l’effectif de son bataillon à une centaine de combattants sélectionnés. Ainsi Eytan décrit sa démarche : “Je propose donc pour commencer, la création d‘un bataillon dans lequel les cadres seront sélectionnés parmi des anciens combattants français ou d’Afrique du Nord […]”
C’est ainsi que vit le jour le “Commando français” du Palmah avec pour commandant Eytan et Oberlander son second.
En octobre 1948, le commando fut intégré au Régiment du Néguev et participa à l’Opération Yoav de la prise du Néguev.
Les forces de soutien ne sont pas venues
La première mission du commando français fut effectuée le 19 octobre 1948 lorsque deux pelotons posèrent des mines sur la route Gaza-Rafiah. Ces deux unités furent transportées dans des véhicules particulièrement bruyants, ce qui permit aux Egyptiens de se préparer à les “accueillir”. Oberlander marchait en tête avec l’éclaireur Yaacov Malka. Des tirs d’une embuscade égyptienne, Oberlander fut gravement blessé et Malka tué sur le coup. Malgré ces échanges de feu, ils réussirent à achever leur mission et à miner le carrefour. Oberlander fut évacué dans un hôpital de campagne où il périt de ses blessures. Le corps de Malka était resté sur place et jusqu’à aujourd’hui, il est porté disparu.
Encore en deuil pour la mort de leur commandant admiré, Oberlander, les hommes du commando furent envoyés comme force de tête pour la prise de Beer-Shev’a (Opération Moshé). L’assaut était prévu pour minuit du fait que la nuit, c’est le talon d’Achilles des soldats égyptiens. Avant le commando, le peloton des commandants était censé ouvrir la brèche avec trois véhicules à chenilles pour prendre contrôle de l’accès à la ville et ensuite, revenir en arrière et transporter les hommes du commando vers leur objectif. Sauf que les véhicules ont essuyé un feu égyptien nourri et l’heure de l’assaut fut repoussée plusieurs fois.
Seulement à quatre heures du matin, les forces investirent la ville, pas avant qu’un de ces véhicules blindés ne tomba dans une tranchée et que son commandant fut gravement blessé. “les Egyptiens exploitant la confusion en jetant des dizaines de grenades sur les hommes du commando” raconte Micky Cohen. “Une partie des combattants craignait sortir des véhicules. Eytan fut contraint de les pousser dans la tranchée en leur criant dessus et à coups de pieds au derrière”
Les combattants ont rampé sous les tirs en passant au travers du cimetière musulman aux abords de la ville. Là, Eytan s’est levé et a crié “en avant”. Les combattants se sont ressaisis et ont pris d’assaut les positions égyptiennes. Jusqu’à cinq heures du matin, les combattants du commando achevèrent leur mission consistant à prendre contrôle de la première ligne des maisons de la ville. A ce stade, d’autres unités étaient censées se joindre à eux. Finalement, elles ne sont pas arrivées.
Six hommes du commando ont été blessés et du matériel rudimentaire manquait aux infirmiers. Eytan a crié à la radio pour de l’aide médicale, qui n’est pas arrivée. Il prit la décision d’avancer avec ses hommes vers la mosquée (qui aujourd’hui est le Musée du Néguev) d’où des francs-tireurs égyptiens les prenaient pour cible. Comme il faisait encore sombre, les tirs n’étaient pas précis. Eytan craignant que la lumière de la pleine journée les expose à une mort certaine, il pressa ses hommes à atteindre la mosquée. Les combattants avancèrent lentement en terrain urbain sous des tirs intenses. Une heure et demi il leur fallut pour franchir les quelques centaines de mètres tout près de la mosquée.
A ce stade, des forces du peloton des commandants sous les ordres de Sharoneleh Cohen arrivèrent. Dans le cadre de son enquête, Michael Cohen décrit ainsi cette rencontre : “le commandant des Français était remonté. Il dit : “j’ai douze hommes blessés sans aucun soin. Je n’ai plus de munitions. Je n’ai personne avec qui parler. Faites savoir à vos supérieurs parce qu’ils ne m’écoutent pas que si dans un quart d’heure, ils n’évacuent pas les blessés et ne nous procurent pas de munitions, je m’en vais ! J’ai transmis le message, mais les hommes du commando furent alors pilonnés par nos forces. J’ai compris alors qu’il y avait des courts circuits dans la communication”.
Malgré cette situation chaotique, les hommes du commando français et le peloton des commandants prirent contrôle de Beer-Shev’a alors que seulement l’édifice de la police était encore aux mains des Egyptiens, mais pas pour longtemps. Le QG du régiment déconnecté et inconscient de ce qui se passait envoya Abraham (Bren) Eden et la compagnie B prendre la gare ferroviaire. Elle fut facilement occupée, pratiquement sans perte. A neuf heures du matin, les Egyptiens se sont rendus.
Ben Gourion envoya un message au commandant du Front Sud : “avec votre sang, vous avez renouvelé avec Abraham notre Patriarche”. Plus tard, lors de la Guerre de Kippour en 1973, il a été demandé à Bren s’il fallait investir la ville de Suez (près du Canal). Sa réponse fut : “si c’est comme Stalingrad, non ! Si c’est comme Beer-Shev’a, oui !” Ces mots attestent comment il voyait la prise de Beer-Shev’a. “La bataille a duré cinq heures. Pendant deux heures et demi, les combattants du commando français se sont battus seuls” Affirme Micky Cohen. “Un tiers des combattants du commando ont été tués ou blessés. Ils sont dignes d’un plus grand hommage.”
Le carrefour entre le Musée du Néguev et le Parc Allenby a été nommé au nom des hommes du commando français. Quand j’ai posé la question au gens assis au kiosque du Falafel Assouline et de la Maison du Foul se trouvant l’un en face de l’autre à ce carrefour, personne ne savait pourquoi.
La découverte d’horreurs au petit matin
Bien au-dessus du monument, on découvre le paysage de la plaine d’Ashelim dans toute sa splendeur avec des champs de panneaux solaires. Le docteur Zivan observe avec déception : “regardez ce vandalisme” en désignant du doigt un panneau arraché. Les bancs en bois ont été arrachés et volés. A leur place, les saboteurs ont laissé des graffitis en arabe. “Ils s’imaginent qu’en détruisant tout, ils nous vaincront” soupire Zivan.
Après la prise de Beer-Shev’a, les combattants du Néguev se sont livrés au pillage, y compris ceux du commando français. Ils se sont emparés des biens restant en ville comme butin de guerre. Eytan/Diffre a refusé de s’accommoder avec ce pillage. Quand ses hommes se sont entêtés à prendre avec eux le butin, il a arrêté les camions les transportant loin de leur base près du Kibboutz Gvoulot. Ils ont dû poursuivre leur chemin à pied avec juste leurs fusils et équipements personnels. Bien que de nombreux combattants du Régiment du Néguev ont participé au pillage, c’est exclusivement sur les hommes du commando français que la responsabilité en a été attribuée. “Quand j’ai pris l’initiative d’ériger le monument en leur hommage, des vétérans du Palmah m’ont demandé “En sont-ils dignes ?” raconte Zivan. Aujourd’hui le monument construit en hommage aux hommes du commando se trouve juste en face de la tour d’Ashelim, à distance de deux collines de leur dernière bataille.
C’était le 25 novembre 1948. Les hommes du commando avaient été envoyés prendre d’assaut la colline No 13, surplombant le Thmila qui contrôle l’axe vers Nitsana. A pied ils ont atteint l’objectif, si ce n’est qu’une erreur des éclaireurs les a faits prendre la colline du milieu et non la dernière. Là, ils se sont retrouvés exposés sous un feu nourri et efficace provenant des collines avoisinantes. Eytan/Diffre a commandé à ses hommes “d’épouser le sol” et se terrer le plus profond possible. Dans le film documentaire, les hommes du commando racontent qu’ils ont entendu des voix parlant allemand. “Il y avait des allemands vétérans de l’armée nazie qui s’étaient joints aux forces égyptiennes” confirme Zivan.
Occultation douloureuse
Ils se sont battus courageusement toute la nuit, mais les tirs de mortiers les ont pilonnés. Nombreux ont été tués et blessés. Eytan aussi a été blessé. Une unité de véhicules blindés censée leur venir en renfort fut immobilisée dans un champ de mines. Les minutions s’épuisaient. A l’aube, Eytan comprit que s’ils ne bougeaient pas, ils se feraient tous exterminer. Le commando se replia dès les premières lueurs. Exténués, les combattants ont transporté sur le dos les blessés et les morts jusqu’à la ligne du chemin de fer turc, juste à quelques dizaines de mètres de la colline. Là, ils les ont cachés sous un petit pont et leur ont jurés de revenir les prendre. Les combattants valides se sont joints aux autres forces enfin arrivées et seulement une heure après, ils ont pris contrôle des points culminants avec des véhicules blindés.
Avec la lumière du matin, l’horreur s’est révélée. Pendant le retrait, les blessés et les cadavres des tués ont été maltraités très durement, dans une extrême cruauté. Les corps avaient été broyés et mutilés. Les hommes du commandos gagnés par une colère vengeresse se sont mis à exécuter les prisonniers égyptiens jusqu’à que des soldats d’autres unités sont intervenus pour les stopper. Ce sont les évènements de cette nuit-là qui ont scellé l’image négative du commando français.
Neuf tués du commando français ont été enterrés au cimetière militaire de Revivim. Les hommes du Régiment du Néguev ont coupé tout contact avec eux. Eytan n’a trouvé personne pour aider son unité en décomposition. Affamés et livrés à eux-mêmes sans enveloppe militaire comme il se doit, les hommes du commando se sont livrés au vol pour manger. Ils sont allés travailler avec les seuls habits qu’ils avaient, leurs uniformes. Arrêtés par la police militaire comme déserteurs, ils ont été mis au cachot. Lorsque le Juge entendit leur histoire, il les fit libérer sur le champ.
Moins d’une dizaine de ces combattant est restée en Israël. Tout les autres sont retournés par dépit dans leurs pays d’origine ou se sont installés en France.
Eytan a rejeté une proposition à prendre le commandement d’un bataillon. Dépité il a envoyé une missive à Ben Gourion dans laquelle il demanda des explications pour le manque de soutien et le dédain manifesté envers ses hommes. Concluant sa missive, Eytan/Diffre assure qu’il restera un ami fidèle et dévoué de l’Etat d’Israël et du peuple juif. Ben Gourion ne lui a pas répondu. Eytan/Diffre est retourné en France.
Eytan/Diffre a été tué dans un accident de la route près de la ville de Tarbes le 30 décembre 1971.
En 1975, une petite stèle en souvenir d’Eytan/Diffre a été érigée à proximité du Monument du Néguev. En 1995 a été inauguré le monument en hommage au commando français à Ashelim. Ces deux lieux ne figurent pas sur le site du Palmah. Il a fallu attendre 55 ans et à la demande de Micky Cohen que le Ministère de la Défense a décerné au Major Eytan/Diffre la Barette de la Guerre d’Indépendance. En 2004, la veuve et la fille d’Eytan/Diffre ont reçu cette barrette par le truchement de l’Ambassadeur de France.
Pendant toutes ces années, personne ne voulait aborder l’histoire du commando français. Était-ce un effet secondaire de la discrimination sociale ? “Ne mentionnez surtout pas la discrimination” s’exclame Cohen. “Il est vrai qu’il y avait une discrimination à l’encontre des Nord-Africains, mais pas pendant la guerre !”. 74 ans après, il est temps que l’histoire du commando français soit reconnue, relatée et fasse l’objet de recherche comme partie intégrante de l’histoire du Palmah, des combats du Néguev et de la Renaissance du peuple d’Israël sur sa Terre.
Posant un regard aussi bien critique que bienveillant dans son livre “L’héroïque naissance de l’Etat d’Israël : Néguev”, Diffre/Eytan interrogeait en ces termes :
“La malédiction divine est-elle levée ? Israël réussira-t-il à assurer sa souveraineté, établir la légalité, définir sa politique, équilibrer son budget, organiser une production, drainer les capitaux juifs du monde entier, permettre en un mot à ses habitants de vivre en citoyens libres responsables et productifs ?”
Quelle que soient l’option politique de chacun et son regard sur la grave crise actuelle, 74 ans plus tard, on aurait répondre sans hésiter à Eytan/Diffre: OUI!
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